Le Prix Shibusawa Claudel, créé en 1984 en hommage à Eiichi Shibusawa et à Paul Claudel, récompense chaque année deux textes de haut niveau en sciences humaines et sociales ou sciences exactes, l’un rédigé en français sur le Japon et l’autre rédigé en japonais sur la France. La Fondation France-Japon de l’EHESS et la Maison franco-japonaise, co-organisatrices du volet français, inviteront le lauréat de l’édition 2022, Damien Peladan à venir présenter son travail devant le grand public.

http://ffj.ehess.fr/prix_shibusawa_claudel_2022.html


 

Damien Peladan est docteur en Histoire de l’Asie orientale de l’université Paris Cité et maître de conférences en études coréennes à l’université Bordeaux Montaigne (D2IA : Dynamiques, Interactions, Interculturalité Asiatiques - UMRU 24140). Ses recherches portent sur l’histoire maritime de l’Asie orientale à l’époque médiévale, et en particulier à la question de la piraterie japonaise en mer de Chine orientale aux xive et xve siècles. 

Thèse : « Le temps de la grande piraterie japonaise : transformation des circulations maritimes en mer de Chine orientale, 1350-1419 »
Sous la direction de Yannick Bruneton (université Paris Cité) et Guillaume carré (EHESS)

Jusqu’alors dominée par l’activité des marchands chinois — à tel point d’ailleurs que la période s’étalant du ixe au milieu du xive siècle soit parfois qualifiée de « temps des marchands chinois » —, la mer de Chine orientale fut plongée à partir de 1350 dans une profonde crise déclenchée par l’irruption soudaine de groupes de pirates émanant de l’archipel japonais. Organisés en flottes rassemblant bien souvent plusieurs centaines de navires et milliers d’individus qui écumaient année après année les côtes coréennes et chinoises, ces pirates devinrent dans la seconde moitié du xive siècle et début du xve siècle les principaux acteurs des circulations humaines et matérielles dans l’espace maritime est-asiatique. À la fois symptôme de la déliquescence des systèmes politiques et socioéconomiques et facteur aggravant de cette instabilité générale, ces flottes déferlèrent de façon quasi ininterrompue sur les littoraux du continent jusqu’à leur déclin abrupt dans les années 1420, sous l’effet combiné de l’action militaire coréenne et chinoise mais aussi de nouvelles stratégies diplomatiques et économiques mises en place par les pouvoirs continentaux. La présente thèse de doctorat se propose de jeter un éclairage nouveau sur ce pan d’histoire de la mer de Chine orientale en expliquant en quoi la période 1350-1419, que nous avons baptisée le « temps de la grande piraterie japonaise », se démarque du « temps des marchands chinois » qui l’a précédé du point de vue du fonctionnement général des circulations maritimes, qu’elles soient humaines, matérielles ou encore techniques, et dans quelle mesure la piraterie fut partie prenante de ces changements.