Réunissant principalement des estampes de l’ère Meiji (1868-1912), cette exposition se concentre sur un sujet original et peu traité jusqu’à présent en France. Elle esquisse un portrait des enfants japonais qui ont grandi à la fin du XIXe  siècle, à un moment charnière de l’histoire du Japon où la modernisation et l’ouverture à l’Occident métamorphosent le visage du pays.


Samedi 14 mai 2022
Nuit européenne des musées

 L’exposition sera ouverte exceptionnellement jusqu’à 22h. L'entrée sera libre et sans réservation pour tous de
 18h à 22h. En cas d’affluence, il est possible que le nombre d’entrée soit limité.

 



Environ 140 pièces sont présentées dans le parcours : des «ukiyo-e représentant des enfants », mais aussi des «ukiyo-e destinés aux enfants » tels que des estampes pédagogiques pour s’instruire, des estampes-jouets pour s’amuser ou encore des estampes de récits pour rêver.
La fin de l’exposition propose de découvrir un aspect de l’œuvre du dessinateur Georges Bigot, témoin de cette époque de grandes mutations. Durant l’ère Meiji, le Japon s’ouvre à l’Occident et met en place progressivement un nouvel enseignement scolaire qui va de pair avec les objectifs de modernisation du pays : les cours deviennent collectifs et sont en partie calqués sur le modèle occidental; l’école devient obligatoire pour tous les enfants, garçons et filles, même ceux issus des classes populaires. C’est dans ce contexte que font leur apparition les «estampes de brocart » éducatives destinées aux enfants et, sur les murs des classes, les planches illustrées.
Vers 1873, le ministère de l’Éducation préconise la fabrication d’estampes comme soutien à l’éducation des enfants au sein du foyer familial. Les éditeurs privés, mais aussi le ministère, produisent alors en quantité des images sur la flore, la faune, les inventeurs célèbres ou encore les drapeaux des pays.
L’ouverture du pays développe également l’intérêt des Japonais pour le reste du monde et pour les langues étrangères, en particulier l’anglais : de nombreuses écoles voient le jour et on assiste à une accélération de la publication d’estampes destinées à l’apprentissage de cette langue.

Nées au cours de l’époque Edo (1603-1868), les « images-jouets » connaissent un regain d’intérêt lors de l’ère Meiji. Bon marché et faciles à se procurer, elles sont très appréciées des enfants des classes populaires. Poupées à habiller, cerfs-volants ou planches de constructions à assembler… des illustrations aux couleurs vives qui sont non sans rappeler les images d’Épinal.
Les images-jouets comme les estampes éducatives constituaient souvent une toute première expérience de jeu et d’étude, elles offraient une ouverture vers un monde qui était encore inconnu à ces enfants. Parallèlement se développent dans les années 1890 des estampes «de genre» prenant pour sujet la vie des enfants. L’exposition donne à voir des œuvres de ce type signées de quatre maîtres de l’estampe. Actifs durant Meiji, ils rendent parfois compte de la nostalgie croissante pour l’époque Edo alors qu’apparaît un mouvement nationaliste qui s’oppose à la politique d’occidentalisation. Si certaines de leurs estampes mettent en scène des enfants en kimono, s’adonnant à des jeux d’autrefois, d’autres reflètent une période où le monde du jeu s’est lui aussi transformé, avec l’introduction de jouets et de jeux de société occidentaux. Le monde encore proche de celui d’Edo que des Occidentaux visitant le Japon dans les années 1880 qualifièrent de «paradis des enfants », devait évoluer rapidement à partir des années 1900.