L’une crée des installations sur le temps qui passe et la mémoire avec des matières éphémères telles que la naphtaline. L’autre dessine des « paysages » monochromes aux subtiles nuances de tons. Aiko Miyanaga et Naoko Sekine sont invitées par la MCJP dans le cadre de son deuxième programme d’artistes en résidence. 
Dialogue entre deux créatrices qui proposent, plus que de nouvelles formes, des objets de méditation. Les sculptures immaculées suggèrent l’impermanence des choses, la lumière et l’espace naissent de l’accumulation de traits sur du papier... Loin du chaos du monde, une immersion dans la sérénité.

Aiko Miyanaga

Les œuvres de Aiko Miyanaga commencent leur lente transformation dès le premier jour d’exposition. Pourtant, exprimer l’éphémère n’est pas la finalité du travail de cette artiste. L’un de ses matériaux de prédilection est la naphtaline qui a pour particularité de s’évaporer au contact de l’air. Elle l’utilise pour reproduire par moulage des objets du quotidien chinés aux puces : vêtements, chaussures, clés… Ces répliques d’objets familiers, marqués par le temps, sont placées dans des vitrines. Jour après jour, elles perdent leur forme initiale mais continuent d’exister sous une nouvelle apparence, celle de cristaux. Cette transformation progressive nous permet de visualiser l’écoulement du temps. Elle nous incite à imaginer l’évolution de ces formes à la blancheur immaculée, à prendre conscience de la fugacité de l’instant présent et de la persistance de la mémoire. Aiko Miyanaga résume avec malice sa démarche : « Je ne veux pas créer des chefs-d’œuvre éternels mais des œuvres inoubliables. ». 
La mémoire et sa transmission seront au cœur de l’installation qu’elle créera à la MCJP. Cette nouvelle œuvre se composera de répliques en naphtaline de vieux objets qu’elle s’est procurée dans un marché aux puces parisien. Un voyage temporel tout en délicatesse.

Née à Kyôto en 1974 dans une famille de céramistes renommés, Aiko Miyanaga a étudié la sculpture à la Kyoto University of Art and Design. C’est pour son projet de fin d’étude, en 1999, qu’elle utilise pour la première fois la naphtaline. Depuis, elle a conçu avec ce matériau plusieurs œuvres éphémères, jusqu’à présent jamais présentées en France. Tout aussi inattendue est sa série d’installations de céramiques : il faut tendre l’oreille pour percevoir les craquements produits de façon aléatoire par la contraction de la glaçure des poteries exposées. Le sel est un autre de ces matériaux surprenants qu’elle affectionne. Plusieurs œuvres se composent de longs fils ou de filets de pêche recouverts de scintillants cristaux de sel qu’elle a elle-même extrait de la mer ou de rivières.

Naoko Sekine

Une feuille, un crayon, une gomme. Naoko Sekine n’a besoin de rien d’autre pour créer des « paysages » dont l’extrême simplicité n’est qu’apparente. Ses dessins sont abstraits, mais ils ne sont pas pure abstraction. Minutieusement, toujours au même rythme, Sekine trace l’un après l’autre une multitude de petits traits qui finissent par recouvrir complètement la feuille. Elle utilise la gomme pour atténuer ici et là la densité des noirs. De cette accumulation de fins tracés surgissent peu à peu des ondulations, des flots tourbillonnants. Grâce aux ombres et lumières, rythmes et mouvements, ils nous évoquent une montagne, la mer, le ciel, une pièce… Arrêtés juste avant qu’ils ne signifient quelque chose, ces éléments à peine suggérés semblent représenter quelque chose en cours de création.

Au Japon, les traditionnelles peintures de paravents et de parois coulissantes forment une partie du mobilier ou de l’architecture. De même, les dessins de Sekine entretiennent une relation étroite avec l’espace où ils sont disposés. Ainsi, pour son installation à la MCJP, l’artiste déterminera le format de ses œuvres en fonction de la salle d’exposition. Le visiteur sera ainsi amené à faire l’expérience de ces images, à les éprouver avec son corps.

Naoko Sekine est née à Tôkyô en 1977. A la Musashino Art University, dont elle sort diplômée en 1999, elle étudie d’abord la peinture. Insatisfaite par ce moyen d’expression, elle s’essaie à la gravure sur cuivre mais cette technique complexe ne lui convient pas non plus. En 3e année, elle réalise ses premiers dessins au crayon. « Depuis que j’ai commencé à dessiner au crayon, je n’ai jamais eu l’intention de représenter quelque chose, j’ai toujours aimé tracer des traits. » Elle a présenté ses dessins monochromes dans de nombreuses expositions au Japon.

Nuit des musées

Le samedi 15 mai, à l’occasion de la Nuit des musées, l’exposition sera gratuite pour tous de 18h à 23h.

Rencontre avec Aiko Miyanaga

Jeudi 15 avril à 16h et 18h30

Salle d’exposition (niveau 2) / Sans supplément de prix au billet de l’exposition

Réservation obligatoire au 01 44 37 95 95 / Durée : 1h environ