Texte et mise en scène : Toshiki Okada

Fin obser­va­teur de la société japo­naise contem­po­raine, Toshiki Okada a choisi de situer sa der­nière créa­tion, Super Premium Soft Double Vanilla Rich, dans un des piliers de la vie quo­ti­dienne des cita­dins : un super­mar­ché ouvert 24h/24, tel qu’on peut en trou­ver à chaque coin de rue de toute métro­pole. Ouverts et éclairés toute la nuit, ces mini­tem­ples de la consom­ma­tion sym­bo­li­sent les contra­dic­tions d’un Japon certes marqué par la catas­tro­phe nucléaire de Fukushima, mais inca­pa­ble de modi­fier en pro­fon­deur son mode de vie.

Autour de sept per­son­na­ges, Toshiki Okada et sa com­pa­gnie chel­fit­sch des­si­nent les rela­tions de hié­rar­chie et de dépen­dance qui relient pro­duits, clients, employés pré­cai­res, gérant de maga­sin et res­pon­sa­ble com­mer­cial, et pour­sui­vent ainsi une réflexion autour du tra­vail et de la liberté, enta­mée avec Freetime (2008) et pro­lon­gée avec la tri­lo­gie Hot Pepper, Air Conditioner, and the Farewell Speech (2010). Obsédés par des impé­ra­tifs de ren­ta­bi­lité et enva­his par des pro­duits super­flus, les per­son­na­ges sont cons­tam­ment sous pres­sion, soumis aux signes codi­fiés d’une poli­tesse de sur­face et enva­his par le rythme buté et rigide des machi­nes infor­ma­ti­ques.

Se déploie alors un lan­gage scé­ni­que précis et étrange, à la lisière de l’implo­sion : infil­tré par la nov­lan­gue du néo­li­bé­ra­lisme et de l’opti­misme auto­ri­taire et mer­can­tile, le texte écrit par Toshiki Okada entre en col­li­sion avec une cho­ré­gra­phie aux gestes névro­ti­ques, ryth­més par une ver­sion asep­ti­sée du Clavier bien tem­péré de Bach.

Marion Siéfert pour le Festival d’Automne à Paris 2015