Le psychiatre Ryûtarô Takahashi est l’un des plus influents collectionneurs d’art contemporain au Japon. Les 2000 oeuvres qu’il a acquises depuis 1997 composent une collection reflétant les tendances et évolutions de l’art japonais des trente dernières années. L’exposition Cosmos \ Intime – La collection Takahashi est un véritable évènement puisque c’est la première fois qu’une quarantaine d’oeuvres de cette collection incomparable sera présentée hors du Japon. Parmi les 22 artistes de cette sélection effectuée en collaboration avec Ryûtarô Takahashi figurent des stars internationales de l’art contemporain telles que Yayoi Kusama, Yoshitomo Nara ou Makoto Aida, ainsi que de nombreux représentants de la génération née après les années 60.

Lorsqu’il commence sa collection, Ryûtarô Takahashi n’a pas de critères de choix clairement déterminés. Ses premiers achats sont des toiles de Kusama, idole psychédélique de sa jeunesse, mais aussi du sulfureux Makoto Aida. Ses goûts seportent sur la jeune création à une époque où les musées de l’archipel, confrontés à la récession économique, s’en désintéressent. Les artistes de cette génération sont socialement immatures, ont une sensibilité à fleur de peau, et sont incapables de dépasser le cadre d’une réflexion autocentrée. Autant de traits de caractère qui imprègnent fortement leurs créations. Takahashi affirme que « la scène artistique japonaise contemporaine, avec face à elle le miroir de l’art européen et derrière elle une tradition millénaire, se situe à égale distance de ces deux miroirs. »

La majorité des artistes de cette exposition n’ont pas conscience de refléter dans leurs oeuvres des traditions ou des particularismes japonais ; ils ne cherchent pas non plus à se rallier à un style occidental. S’ils s’attachent à développer un univers basé sur l’observation minutieuse de situations de leur quotidien, leurs oeuvres ouvrent cependant un passage vers le dehors, vers le monde illimité qui s’étend au delà. Elles attestent que l’exploration de soi poussée à l’extrême est de même nature que l’immensité du monde. Elles suscitent, parfois discrètement, parfois avec force, une résonance intime chez ceux qui les regardent.