Maxime Kurvers met en scène un dialogue performé avec l’acteur et théoricien japonais Yoshi Oida, interrogeant, au fil d’une dérive à travers sa mémoire, le rôle et la fonction sociale des interprètes mais aussi, plus largement, la portée éthique et métaphysique du théâtre. Faisant suite à Théories et pratiques du jeu d’acteur·rice (1428-2022), 4 questions à Yoshi Oida s’inscrit dans le projet d’anthropologie théâtrale par lequel Maxime Kurvers dresse une cartographie des pratiques et des théories de sa discipline. Réduite à sa seule dramaturgie et à la mise à disposition de quelques accessoires, la mise en scène concentre l’attention sur son dialogue avec l’acteur et théoricien japonais, reprenant les codes du «bord de scène», ici redonné sous une forme performative. Yoshi Oida partage sur scène ses réflexions sur un art qu’il pratique depuis plus d’un demi-siècle, exprimant une mémoire dont ce spectacle mettrait en œuvre la transmission. L’entretien, mené de la façon la plus spontanée possible, est structuré autour de quatre interrogations et tente de rendre hommage à la manière si singulière qu’a Yoshi Oida de penser le théâtre, par-delà sa dimension sensible, comme une manière de se situer et de cheminer dans le monde, d’apprendre à y vivre, donc à y mourir.

Florian Gaité, programme du Festival d’Automne à Paris



Yoshi Oida 

Né en 1933 à Kobe (Japon), Yoshi Oida fait ses débuts comme acteur au Japon dans les années 1950, à la télévision, au cinéma, et au théâtre. Invité en France par Jean-Louis Barrault en 1968, il va y rester et mener une collaboration avec Peter Brook, d’abord au sein du Centre international de recherche théâtrale (CIRT). Il participe ensuite à ses plus célèbres spectacles au théâtre des Bouffes du Nord : Les Iks (d'après Colin Turnbull), La Conférence des oiseaux (d'après Farid Al-Din Attar), Le Mahabharata (épopée hindoue), La Tempête (d'après Shakespeare), L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau (d'après Oliver Sacks), La tragédie d'Hamlet (d'après Shakespeare - 2002). Récemment, on a pu le voir en France dans Sleeping, mis en scène  par Serge Nicolaï (2021), et dans Le tambour de soie (2020), mis en scène par Kaori Ito et Yoshi Oida.  

À partir de 1975, et parallèlement à son métier de  comédien, Yoshi Oida met aussi en scène du  théâtre, des opéras et de la danse (Fin de partie de Samuel Beckett, Les Bonnes de Jean Genet, Nabucco de Verdi, Don Giovanni de Mozart, War Requiem de Benjamin Britten, La Frontière de Philippe Manoury, etc.)  

Il joue aussi parfois au cinéma, par exemple dans Gô-hime (1992) de Teshigawara Hiroshi, The Pillow Book (1996) de Peter Greenaway, Silence (2016) de Martin Scorsese ou plus récemment Adieu Paris d’Edouard Baer (2021).  

Il est l’auteur de trois livres théoriques sur le théâtre, traduits en plusieurs langues : L’Acteur flottant (1992), L’Acteur invisible (1995) et L’Acteur rusé (2007).  

Maxime Kurvers 

Né en 1987 à Sarrebourg (Moselle), Maxime Kurvers réalise avec Pièces courtes1-9 (2015), sa  première mise en scène, sous la forme d’un  programme théâtral qui interroge les conditions  minimales de sa propre réalisation. Créé en 2016, Dictionnaire de la musique prolonge ce  questionnement du théâtre et de ses ressources  par la présence et l’histoire d’autres médiums. La naissance de la tragédie (2018) est un solo pour et par l’acteur Julien Geffroy. Idées musicales (2020)  est un récital musical expérimental. Depuis 2018, il  travaille sur un projet au long cours, Théories et pratiques du jeu d’acteur·rice (1428-2021), une bibliothèque vivante pour l’art de l’acteur en 28  chapitres.
4 questions à Yoshi Oida (2022)  prolonge autrement ces questions d'anthropologie théâtrale. Maxime Kurvers est artiste associé à la Ménagerie de verre pour la saison 2016-2017, artiste résident à la Saison Foundation Tokyo en 2020 et artiste associé à la Commune - CDN  d'Aubervilliers depuis septembre 2016.

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Conception et mise en scène, Maxime Kurvers
Écriture et dramaturgie, Maxime Kurvers et Yoshi Oida
Avec Maxime Kurvers et Yoshi Oida
Lumières, Manon Lauriol
Masque de Kagura, atelier de Kakita Katsuro (Hamada)
Masque de Noh Ko-omote traditionnel issu de la période Shōwa (1926-1989)
Hagoromo
Shite (Tennin) : Keigo Suzuki
© Kanzekyuukoukai / Yarai-Noh Theater

Production La Commune CDN d’Aubervilliers, MDCCCLXXI (Paris)
Avec le soutien de la Maison de la culture du Japon à Paris – Fondation du Japon ; The Saison Foundation (Tokyo)
Maxime Kurvers est artiste associé à La Commune CDN d’Aubervilliers
Coréalisation Maison de la culture du Japon à Paris ; Festival d’Automne à Paris

Spectacle créé le 1er février 2021 au théâtre Antoine Vitez d’Aix-en-Provence, dans le cadre du festival Parallèle