Le Festival d’Angoulême organise depuis 2003 des Rencontres internationales qui présentent le travail d’un auteur avec l’appui de supports multimédias. Pour la deuxième année consécutive, la MCJP s’associe à ce Festival et vous invite à découvrir un mangaka en vogue au Japon mais encore inconnu en France : Kotobuki Shiriagari.

A 46 ans, Shiriagari occupe une place résolument à part dans le manga. Loin de se limiter à un seul registre, il exerce aussi bien dans les domaines du dessin de presse, du yon-koma manga ("manga en 4 cases"), que du feuilleton ou de l’histoire courte, rencontrant partout un égal succès au Japon. En France, il est à ce jour presque inconnu même s’il a dessiné des chars pour le Carnaval de Nice en 2004 et en 2005.

Après des études à l’Université des beaux-arts de Tama, il entre en 1981 dans le secteur du marketing et de la communication du grand brasseur Kirin. Un métier qu’il exercera pendant des années, parallèlement à ses débuts dans la bande dessinée. Issu du milieu underground, il évolue peu à peu vers le grand public et réussit le grand écart entre magazines à grands tirages et revues alternatives.
Le goût de la satire qui s’exprime à travers ses chars niçois fait également merveille dans sa série de dessins de presse parue en 2000 et intitulée Yuru yuru Oyaji, où un vieillard commente l’actualité, confortablement installé devant son poste de télévision. 
L’œuvre de Shiriagari recèle également des titres qui correspondent davantage, dans leur format, à notre vision du manga, telle Yaji-Kita in DEEP. Cette œuvre tragi-comique qui relate les délires de deux amants toxicomanes errant dans le Japon médiéval fut couronnée en 2001 par le prestigieux Prix culturel Tezuka Osamu, la plus haute récompense en matière de bande dessinée dans l’archipel.

"Je suis quelqu’un d’ordinaire ; la bizarrerie, je la réserve à mes dessins". Le style graphique de ce dessinateur "maladroit et génial" témoigne de sa singularité, oscillant entre élégance minimaliste et un dessin proche de l’esquisse, violemment saturé de hachures. « A la fin des années 70, certains auteurs issus du magazine Garo qui ne savaient pas bien dessiner, comme King Terry ou Yoshikazu Ebisu, ont imposé le style heta-uma (" maladroit génial"), où l’aspect volontairement grossier du dessin acquérait une certaine beauté. Si j’ai pu faire carrière dans la bande dessinée, c’est grâce à eux. ».

Aujourd’hui, bien que célèbre au Japon avec ses 4 cases dans le grand quotidien national Asahi Shimbun, Shiriagari continue de se considérer comme un défricheur . « J’essaye d’apporter avec chaque histoire quelque chose de neuf, afin de contribuer à élargir le champ d’expression du manga. J’apprécie la BD commerciale mais je laisse cela aux autres ».