Du mardi 16 septembre au vendredi 31 octobre

50e anni­ver­saire de la fon­da­tion du Musée de la lit­té­ra­ture moderne japo­naise (Nihon Kindai Bungaku-kan)

Proposée par le Musée de la littérature moderne japonaise (Nihon Kindai Bungaku-kan) à Tokyo, et coorganisée par la Maison de la culture du Japon à Paris, cette exposition présente, pour la première fois en France et en Europe, l’univers de l’écrivain Yasunari Kawabata (1899-1972), prix Nobel de littérature 1968. 
L’itinéraire conduit des débuts d’un jeune auteur moderniste de la fin des années 1920, aux chefs-d’œuvre publiés après-guerre : Pays de neigeLe Grondement de la montagneNuée d’oiseaux blancsKyôtoLes Belles endormies
Sont exposés des manuscrits, premières éditions, tableaux et objets précieux de la collection Kawabata. Un choix de citations évoque les liens étroits qu’entretient l’œuvre avec la beauté des lieux (Tokyo, Kyoto, Kamakura), la poésie des saisons, et l’ombre de la mort. Ces images tissent une approche singulière du monde comme énigme, dans un questionnement de portée universelle.

L’expo­si­tion, en deux par­ties, se com­pose de cinq sec­tions :

I. Images du 20e siè­cle : « Le moder­nisme et Asakusa », « Kawabata et Kyoto », « L’ate­lier d’un écrivain » (Hall d’accueil du rez-de-chaus­sée) 
II. L’uni­vers des romans : « L’ins­pi­ra­tion de Kamakura », « Une esthé­ti­que de la mort ». (Foyer de la grande salle)

Yasunari Kawabata et « la beauté du Japon » : tradition et modernisme

Par Cécile Sakai, Professeur à l’Université Paris Diderot

Images du XXe siècle

L’expo­si­tion s’ouvre par un espace bio­gra­phi­que, avec les prin­ci­paux repè­res, ainsi que des cita­tions tirées de Moi, d’un beau Japon, dis­cours de récep­tion du prix Nobel de lit­té­ra­ture en 1968, avec une cal­li­gra­phie par Kawabata d’un de ses poèmes pré­fé­rés, œuvre du moine Dogen (1200-1253), fon­da­teur de la secte boud­dhi­que Soto.

Est pro­po­sée ensuite une pro­me­nade autour de trois pôles thé­ma­ti­ques. Le pre­mier pôle pré­sente les débuts : dans le contexte du Grand Séisme de Tokyo (1923) et de la recons­truc­tion urbaine qui s’ensuit, l’œuvre de Kawabata est d’abord mar­quée par le moder­nisme, sorte de matrice créa­tive pour le tout jeune écrivain, puisqu’il lan­cera avec ses pairs le Mouvement des Nouvelles sen­sa­tions (shin kan­kaku-ha) autour de la revue de cercle Bungei jidai (L’époque lit­té­raire, 1924-1927). C’est le film muet Une page folle (Kurutta ippeji, 1926), réa­lisé par Teinosuke Kinugasa sur un scé­na­rio de Kawabata, qui cris­tal­lise le mieux cet esprit expé­ri­men­tal. Quelques pho­to­gram­mes per­met­tent de mieux com­pren­dre l’ambi­tion radi­cale qui porte ces jeunes artis­tes.

Le deuxième pôle nous conduit dans l’après-guerre, à tra­vers le roman Kyôto (Kyoto, 1962), dont l’intri­gue sinueuse, autour de jumel­les sépa­rées puis réu­nies, offre sur­tout l’occa­sion d’exal­ter les lieux, pay­sa­ges et rites de l’ancienne capi­tale.
Plusieurs œuvres de Kaii Higashiyama (1908-1999), célè­bre auteur de nihonga (pein­ture de style japo­nais) y sont pré­sen­tées, notam­ment un grand tableau figu­rant les cryp­to­mè­res de Kyoto au cœur de l’hiver : Première neige sur Kitayama (Kitayama hat­suyuki, 1968). Une tasse pour la céré­mo­nie du thé en por­ce­laine de Shino, appar­te­nant à la col­lec­tion Kawabata, ainsi que des docu­ments pho­to­gra­phi­ques accom­pa­gnent cette tra­ver­sée des sai­sons.