L'exposition Black Out conviait à réaliser un rite de passage : le visiteur était amené à se libérer de sa mémoire visuelle et culturelle, arrivée à un stade de saturation ; avec Scènes d'esprit, il est invité à aller au-delà de la réalité matérielle et des conventions sociales. 
Les 11 artistes réunis dans l'exposition, qui se divise en deux volets : Distiller : d'autres apparences et Inverser : d'autres relations, tout en nouant une relation directe avec la réalité quotidienne, inversent cette relation en la présentant sous des aspects inattendus pour dévoiler sa part cachée et la considérer avec un nouveau regard. Leur démarche artistique consiste à tenter de capter l'invisible : cet esprit du réel inhérent aux choses et aux relations humaines

 

" Distiller : d'autres apparences " évoque la volonté de l'artiste qui, tel l'alchimiste, extrait " l'esprit " (ou l' " essence ") des choses pour en dévoiler, au-delà des apparences familières et figées, la dimension cachée. Ce processus de distillation s'applique au domaine des choses en une démarche personnelle, basée sur les sensations. Le terme " esprit " suppose également " l'Esprit saint " ou encore, ces " présences " invisibles que sont les fées et les elfes. Pour accéder à ces domaines à part il faut dépouiller les choses de leur écorce familière, et pénétrer dans leur noyau afin d'en dégager les aspects censés s'y trouver. C'est ainsi par exemple que les photos d'architecture de Hiroshi Sugimoto se veulent, paradoxalement, l'élégante négation de la matérialité des choses.
 
 
" Inverser : d'autres relations " se caractérise par une approche plus axée sur la société. Les œuvres retenues dans cette section prennent pour thème la communauté ou le rapport entre soi et l'autre. Cet ancrage dans la réalité impose aux artistes de rompre avec le " réalisme " ; le plus difficile à saisir, c'est le monde vu à travers d'autres regards, puisqu'il est impossible de vérifier, de ses propres yeux, comment les autres le voient. 
Cet ensemble d'œuvres ne dénonce pas certains aspects de la réalité, comme le feraient les photographies documentaires. En mettant au jour l'esprit caché derrière le réel, elles tentent de révéler une nouvelle réalité, et d'orienter différemment les rapports qui peuvent s'établir entre les êtres. Aussi la question de l'identité japonaise - et plus généralement celle de notre propre identité - s'exprime largement dans les célèbres travaux de Eikoh Hosoe et ceux moins connus de Kazuo Katase. Chacun confronte vie contemporaine et racines : la vie d'un exilé redécouvrant le Japon (Katase) ou la vie d'un créateur -Tatsumi Hijikata, un des fondateurs de la danse butô - retournant dans son village natal (Hosoe).
 
Photographes exposés : Miho Akioka, Eikoh Hosoe, Miyuki Ichikawa, Hiroko Inoue, Tomoaki Ishihara, Kazuo Katase, Michihiro Shimabuku, Hiroshi Sugimoto, Akiko Sugiyama, Chie Yasuda, Tomoko Yoneda.