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La Sériciculture Impériale du Japon

L’ouverture du port de Yokohama à l’étranger en 1859 après une longue période de fermeture du pays fit de la soie brute l’un des articles majeurs dans les exportations japonaises. Alors que la sériciculture devenait ainsi l’une des industries-phares du pays, en 1871, naissait la sériciculture de la Maison Impériale grâce au soutien et aux encouragements de l’Impératrice douairière Shôken, Impératrice et épouse de l’Empereur Meiji qui est l’arrière-grand-père de l’Empereur.

Cet élevage des vers à soie, placé sous le haut patronage des impératrices successives, devait se poursuivre durant les ères Meiji (1868-1912), Taishô (1912-1926) et Shôwa (1926-1989). Aujourd’hui encore, malgré le déclin accentué de la sériciculture japonaise, Sa Majesté l’Impératrice perpétue depuis vingt-cinq années cet héritage comme l’une des traditions de la Maison Impériale.

 

Au Japon, la soie a perdu le rang majeur dont elle jouissait parmi les articles d’exportation et, au cours de l’ère Heisei (depuis 1989), la sériciculture de la Maison Impériale était quasiment dissociée de son rôle d’encouragement à une industrie dont elle était devenue le symbole ; reste que

Sa Majesté l’Impératrice, en perpétuant l’élevage des vers à soie, manifestait son puissant sentiment d’empathie et de solidarité à l’endroit des artisans qui furent les gardiens enthousiastes de cette tradition. Afin que les techniques de la sériciculture qui obtiennent la soie – cette fibre textile unique par sa splendeur – à partir de la chenille du bombyx du mûrier (le « ver à soie ») ne disparaissent pas du Japon, le voeu formulé par Sa Majesté l’Impératrice de transmettre, ne fût-ce que le temps d’une génération, les techniques de la sériciculture, patiemment accumulées jusqu’à nos jours avec zèle et ferveur par de longues lignées de prédécesseurs, fut accepté.

Aujourd’hui, durant deux mois, au printemps ou au commencement de l’été, Sa Majesté l’Impératrice, entre ses obligations officielles, accompagnée de cinq personnes qui l’assistent participe à la quasi-totalité des étapes de l’élevage du ver à soie dans la Magnanerie (bâtiment destiné à la sériciculture) Impériale de Momiji-yama située dans l’enceinte du Palais. Au cours de cette activité, en 1990, un fil de ver à soie (son épaisseur correspondait à la moitié de celle des fils actuels) issu d’une espèce fort ancienne et sur le point de s’éteindre fut préservé alors que Sa Majesté l’Impératrice avait déclaré : « Je voudrais que l’on continuât à l’élever pour quelque temps encore. » Cet épisode connut un développement des plus surprenants : en effet, cette espèce devait avoir un rôle indispensable dans la restauration à l’identique d’étoffes de l’époque ancienne qui sont des biens culturels précieux du Japon.

Dans l’ancienne Magnanerie Impériale, en même temps que l’amélioration des variétés de vers à soie déjà existantes, l’on avait élevé une variété de ver à soie purement autochtone connue sous le nom de Koishimaru. Cette dernière avait été fort prisée pour la beauté de son fil aux époques de Meiji et Taishô, cependant le volume de production restant très faible, elle fut progressivement abandonnée. D’ailleurs, à la fin de l’ère Shôwa, l’on considérait que son abandon – fût-ce au sein de la Magnanerie Impériale – était inéluctable. Pourtant lorsque l’on relança l’élevage au début de l’ère Heisei, le voeu émis par Sa Majesté l’Impératrice de préserver cette variété pour quelque temps encore, permit que – nonobstant une production très réduite – son élevage fut maintenu.

En 1994, démonstration fut faite que cette variété s’avérait indispensable dans la restauration prévue d’anciennes étoffes (datant du VIIIe siècle) conservées parmi les héritages du Shôsô-in, le trésor impérial qui contient environ 9 000 objets précieux principalement du VIIIe siècle composé surtout par les biens personnels de l’Empereur Shômu (701-756). La décision de Sa Majesté l’Impératrice de poursuivre l’élevage de ce type japonais de ver à soie fut ainsi directement liée à l’entreprise de reconstitution des étoffes anciennes faisant partie des inestimables collections conservées au Shôsô-in. Ce type de soie fut également utilisé pour la restauration d’un rouleau peint célèbre de l’époque Kamakura (daté approximativement de 1309) ; pareille initiative laissa une empreinte profonde dans la transmission et l’héritage de la culture japonaise. L’époque avait changé et la Magnanerie Impériale se trouvait désormais investie d’un sens nouveau. Sa Majesté l’Impératrice qui s’était lancée dans l’accroissement de la production de la variété Koishimaru dont elle était l’initiatrice fit envoyer au Shôsô-in durant les seize années qui suivirent les 20 à 50 kg de cocons nécessaires de Koishimaru et les travaux de reconstitution purent être menés à leur terme en 2010.

L’Agence de la Maison Impériale, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de Sa Majesté l’Impératrice, organisa, au Musée des collections impériales (Sannomaru-Shôzôkan), une exposition pour présenter l’élevage des vers à soie et le rôle de la variété Koishimaru dans la reconstitution des étoffes anciennes du Shôsô-in. Lors du soixante-dix-septième anniversaire de Sa Majesté une autre exposition fut organisée pour montrer la continuation de la sériciculture impériale et les suites du programme de reconstitution des étoffes anciennes au Shôsô-in. Ces manifestations connurent un grand succès auprès du public.

Lors de ces deux expositions, l’on fit mention de la pébrine – une maladie causée par un parasite du ver à soie de la famille des microsporides nommé nosema bombycix. Or, au milieu du XIXe siècle, tandis que la sériciculture subissait en France des dommages d’une grande ampleur dans tout le pays suite à la pandémie de pébrine qui frappait alors l’Europe, des variétés de vers à soie offertes par le Japon à la demande de l’Empereur Napoléon III furent le salut de l’élevage de la sériciculture française.

D’autre part, les bâtiments des Filatures de soie de Tomioka – les premières filatures mécanisées du Japon – dont la mise en activité remontait à 1872 furent construits sous la direction d’un ingénieur français (Paul Brunat). Les techniques de la filature industrielle ainsi que les métiers à tisser mécaniques furent également importés de France. Les ouvrières fileuses qui, venues de tout le pays, étudièrent les techniques de la filature mécanique sous la direction de cet ingénieur français devinrent à leur tour les instructrices des filatures dans chaque région et furent les piliers du développement de l’industrie textile japonaise. De surcroît, des étudiants japonais vinrent en séjour d’apprentissage en France et en ramenèrent les techniques les plus avancées en matière de teinture, apportant ainsi une contribution importante au développement de cette industrie à l’époque Meiji.

En prenant pour point de départ ces échanges franco-japonais tissés autour de la soie, il a été décidé d’organiser à Paris une exposition pour montrer au public la sériciculture de la Magnanerie Impériale, présenter des reproductions à l’identique d’étoffes anciennes conservées au Shôsô- in dont la restauration fut rendue possible par la variété Koishimaru et y adjoindre des pièces qui reflètent les échanges franco-japonais en ce domaine. Le souhait des organisateurs est que cette initiative augmente la compréhension des formes culturelles traditionnelles de la Maison Impériale et contribue aux relations entre le Japon et la France.

L’élevage des vers à soie par Sa Majesté l’Impératrice

Sa Majesté l’Impératrice perpétue l’héritage de l’élevage des vers à soie de celles qui, avant elle, occupèrent successivement sa fonction depuis la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui encore, tandis que la sériciculture connaît un déclin marqué au Japon, chaque année des premiers jours du printemps à l’été elle accomplit le travail manuel de l’élevage. En même temps que l’amélioration des espèces, Sa Majesté prend soin également de l’espèce ancienne et purement autochtone de ver à soie connue sous le nom de « Koishimaru ».

Restauration d’étoffes anciennes du Shôsô-in

Des études ont démontré que le fil brut très fin et délicat obtenu des vers à soie de l’espèce Koishimaru s’avé- rait indispensable à la restauration des étoffes de l’époque ancienne datant du VIIIe siècle (époque Nara, 710-794). A partir des cocons envoyés suite à une augmentation de la production, les « trésors du Shôsô-in » – un patrimoine culturel inestimable – ont pu être restaurés.

Brocart à motif d’entrelacs de phénix sur fond pourpre

Reconstitution d’un brocart d’une rare magnificence jadis utilisé pour les bannières qui ornaient l’intérieur des temples bouddhiques afin de leur donner un aspect splendide. Brocart à motifs floraux chinois sur fond rouge
Reconstitution d’un brocart d’une rare magnificence jadis utilisé pour les bannières qui ornaient l’intérieur des temples bouddhiques afin de leur donner un aspect splendide.

Sériciculture japonaise traditionnelle et échanges avec la France

A travers les vêtements japonais traditionnels portés par Sa Majesté l’Empereur en ses jeunes années, ceux de Sa Majesté l’Impératrice, et le truchement d’oeuvres d’art, l’exposition présente la longue tradition de la culture de la soie japonaise ainsi que les échanges autour de la soie entre la France et le Japon à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.

Vêtement traditionnel à manches longues à motif de rebonds d’une cascade

Lors de la cérémonie de « Port du pantalon plissé (hakama) » qui eut lieu le 5 mai 1938, cet habit fut porté par Sa Majesté l’Empereur alors que celle-ci entrait, selon le comput traditionnel, en sa sixième année. Cette cérémonie de prise de l’habit masculin était en vigueur à la cour depuis des temps forts anciens et consistait à porter pour la première fois le pantalon plissé bouffant masculin, célébrant ainsi le passage de la petite enfance à l’enfance. Le motif traditionnel du vêtement repose sur un waka (poème traditionnel de 31 syllabes) composé à la fin de l’époque Heian (794-1185) ; son motif – la chute allègre et vigoureuse des cascades – contient un voeu de longévité adressé à Sa Majesté. Celle-ci reçut ce vêtement de ses parents – Sa Majesté l’Empereur Shôwa et Sa Majesté l’Impératrice Kôjun. Ornement mural en soie à motif de tambour géant
Oeuvre de Sasaki Seishichi
Cet ornement mural de grande taille fut présenté en 1900 à l’Exposition universelle de Paris. Le Japon moderne avait appris les techniques de la teinture en Europe occidentale – à commencer par la France. Ainsi, de nombreuses oeuvres dans lesquelles s’exprimait avec vivacité la tradition japonaise purent être fabriquées.

La Sériciculture Impériale du Japon

L’ouverture du port de Yokohama à l’étranger en 1859 après une longue période de fermeture du pays fit de la soie brute l’un des articles majeurs dans les exportations japonaises. Alors que la sériciculture devenait ainsi l’une des industries-phares du pays, en 1871, naissait la sériciculture de la Maison Impériale grâce au soutien et aux encouragements de l’Impératrice douairière Shôken, Impératrice et épouse de l’Empereur Meiji qui est l’arrière-grand-père de l’Empereur.