Les splendeurs de la Daiei
L’histoire des studios de la Daiei (1942-1971) a été marquée par la figure charismatique et parfois controversée de son président, Masaichi Nagata. En 1951, le succès international de Rashômon (Akira Kurosawa), qui éblouit l’Occident par ses audaces formelles, conforte Nagata dans l’idée que le cinéma japonais s’imposera au monde avec des productions de prestige. Ainsi débute l’âge d’or de la Daiei, Nagata s’étant entouré de valeurs sûres, transformées sous sa houlette en ambassadeurs du cinéma et de la culture japonaises dans les festivals du monde entier : Kenji Mizoguchi (Contes de la lune vague après la pluie, Le héros sacrilège), Teinosuke Kinugasa (La porte de l’enfer) et Kôzaburô Yoshimura (Le roman de Genji). Négociateur habile, Nagata s’offre en plus les services des grands maîtres des studios concurrents et les fait travailler avec ses équipes : grâce notamment à la photographie de Kazuo Miyagawa, le plus grand chef opérateur du cinéma japonais sous contrat à la Daiei, Yasujirô Ozu réalise pour Nagata Herbes flottantes, son chef-d’œuvre en couleur ; et Kon Ichikawa, L’étrange obsession, superbe représentation visuelle de « l’éloge de l’ombre », cette esthétique qu’affectionna tant l’écrivain Tanizaki. L’âge d’or à la Daiei, littéralement euphorique, culminera avec Shaka : la vie de Bouddha (1961), le premier film japonais en 70mm produit pour concurrencer les superproductions dans le genre de Ben-Hur.
Malheureusement, Nagata n’aura pas le temps de développer plus avant cette idée originale de produire des péplums à la japonaise qui auraient pu donner la réplique au cinéma américain. Sa société fut rapidement happée par la spirale du déclin, dès 1962, en dépit de ses tentatives répétées d’intégrer de nouvelles formes cinématographiques, sans toutefois jamais renoncer vraiment au cadre traditionnel de son studio et à sa conception très personnelle du septième art. Ainsi, autant la télévision que les hésitations du producteur-président tout-puissant eurent-elles raison, tout ensemble, de la modernité rugissante incarnée par Yasuzô Masumura, de la psychologie tout en émotion des films de sabre de Kenji Misumi, des expérimentions de film noir à la Melville (Le silencieux) du vétéran Kazuo Mori, et des films d’action revitalisants de Tokuzô Tanaka et Kazuo Ikehiro.
Néanmoins, ni les difficultés économiques ni la crise artistique minant la Daiei ne découragèrent jamais ces modestes et dociles artisans, auxquels on reconnaît aujourd’hui un statut d’auteur bien mérité, de réaliser un cinéma populaire de qualité, énergique, ingénieux dans la contrainte, et toujours admirablement photographié grâce au savoir-faire estampillé « Daiei » reconnaissable dans chaque film ; même si tout cela ne put se faire que par une mise à contribution surhumaine des deux stars masculines du studio : Raizô Ichikawa (158 films) et Shintarô Katsu (173 films). Ces deux dignes héritiers du monstre sacré Kazuo Hasegawa porteront sur leurs épaules, une décennie durant, la destinée chancelante de la Daiei.
Fabrice Arduini
Les films
1950
Rashômon
羅生門 (rashômon)
Réalisation : Akira Kurosawa / Studios de Kyôto / Scénario : Akira Kurosawa et Shinobu Hashimoto d’après Ryûnosuke Akutagawa / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Fumio Hayasaka / Décors : Takashi Matsuyama / Rôles principaux : Toshirô Mifune, Machiko Kyô, Masayuki Mori, Takashi Shimura, Minoru Chiaki / 87’ / N&B / Copie 35mm
Lion d’or – Festival de Venise 1951
Kyôto au 8e siècle. Dans une forêt, un bûcheron et un bonze découvrent le cadavre d’un samouraï. Ils se rendent au tribunal pour témoigner. Trois autres personnes seront appelées à comparaître. Chacun donnera sa version de l’affaire, y compris le fantôme du défunt.
1951
Les habits de la vanité
偽れる盛装 (itsuwareru seisô)
Réalisation : Kôzaburô Yoshimura / Studios de Kyôto / Histoire originale : Kaneto Shindô / Photographie : Asakazu Nakai / Musique : Akira Ifukube / Décors : Hiroshi Mizutani / Rôle principal : Machiko Kyô / 103’/ N&B / Copie 35mm
La vie d’une geisha à Gion, quartier des plaisirs de Kyôto, dont les relations avec les hommes, compliquées de questions d’argent, se dénoueront en drame.
Le roman de Genji
源氏物語 (genji monogatari)
Réalisation : Kôzaburô Yoshimura / Studios de Kyôto / Scénario : Kaneto Shindô d’après Shikibu Murasaki / Photographie : Kôhei Sugiyama / Musique : Akira Ifukube / Décors : Hiroshi Mizutani / Rôles principaux : Kazuo Hasegawa, Denjirô Ôkouchi, Michio Kogure, Mitsuko Mito, Machiko Kyô, Nobuko Otowa / 124’ / N&B / Copie 35mm
Prix de la photographie et de la composition plastique – Festival de Cannes 1952
Le séduisant prince Hikaru (Kazuo Hasegawa) cherche parmi les dames de la cour l’image idéale de la femme. Bien que déjà fiancé à la fille d’un ministre, il désespère de se faire aimer par la favorite de l’empereur qui le repousse au nom des convenances. Malgré son existence brillante, Hikaru ne connaît en fin de compte que l’amertume et la solitude.
Adaptation assez libre du « Dit du Genji », le monument de la littérature japonaise écrit par une femme de la cour de Heian au 11e siècle, et supervisée par l’écrivain Junichirô Tanizaki, auteur d’une version en langue moderne parue en 1939.
1952
Sœurs de Kyôto
西陣の姉妹 (nishijin no shimai)
Réalisation : Kôzaburô Yoshimura / Studios de Kyôto / Histoire originale : Kaneto Shindô / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Akira Ifukube / Décors : Kazumi Koike / Rôles principaux : Yumiko Miyagino, Mitsuko Miura, Yûko Tsumura, Kinuyo Tanaka, Jûkichi Uno / 110’ / N&B / Copie 35mm
Une petite fabrique traditionnelle de tissus de kimono dans le célèbre quartier de Nishijin à Kyôto fait faillite. Le chef de famille meurt laissant de nombreuses dettes. La veuve et ses trois filles tentent de s’en sortir avec l’aide de leur fidèle serviteur, Kôkichi.
L’éclair
稲妻 (inazuma)
Réalisation : Mikio Naruse / Studios de Tôkyô / Scénario : Sumie Tanaka d’après Fumiko Hayashi / Photographie : Shigeyoshi Mine / Musique : Ichirô Saitô / Décors : Mikio Naka / Rôle principal : Hideko Takamine / 87’ / N&B / Copie 35mm
Kiyoko, receveuse d’autobus habite avec sa famille dans un quartier populaire de Kyôto. Son demi-frère est un oisif et sa demi-sœur Nuiko pousse Kiyoko à se marier avec un boulanger dans le seul but de profiter de son argent. Lassée des calculs et des menées sordides de sa famille, elle part en banlieue et retrouve goût à la vie.
La légende du Grand Bouddha
大仏開眼 (daibutsu kaigen)
Réalisation : Teinosuke Kinugasa / Studios de Kyôto / Scénario : Takaichirô Yagi d’après Hideo Nagata / Photographie : Kôhei Sugiyama / Direction musicale : Ikuma Dan / Décors : Kisaku Itô / Rôles principaux : Kazuo Hasegawa, Machiko Kyô, Mitsuko Mito / 129’ / N&B / Copie 16mm
Au 8e siècle, l’empereur Shômu décide de faire construire une immense statue de Bouddha. Le projet ne fait pas l’unanimité à la cour. Ceux qui sont contre tentent d’empêcher par tous les moyens l’artiste commandité. Celui-ci ne cède pas, conscient qu’il est d’être en train d’accomplir l’œuvre de sa vie.
1953
Le trône du maître de nô
獅子の座 (shishi no za)
Réalisation : Daisuke Itô / Studios de Kyôto / Scénario : Daisuke Itô et Sumie Tanaka d’après Takashi Matsumoto / Photographie : Hideo Ishimoto / Musique : Ikuma Dan / Décors : Kisaku Itô / Rôles principaux : Kazuo Hasegawa, Kinuyo Tanaka, Yûji Hori, Keiko Kishi / 124’ / N&B / Copie 35mm
Le chef d’une dynastie d’acteur (Kazuo Hasegawa) de théâtre Nô conduit avec la plus grande fermeté l’éducation de son fils appelé à lui succéder. Celui-ci doit jouer devant le Shôgun mais, peu avant la représentation, il s’enfuit et tente de se suicider.
L’oie sauvage
雁 (gan)
Réalisation : Shirô Toyoda / Studios de Tôkyô / Scénario : Shigemasa Narusawa d’après Ôgai Mori / Photographie : Mitsuo Miura / Musique : Ikuma Dan / Décors : Kisaku Itô / Rôles principaux : Hideko Takamine, Hiroshi Akutagawa, Jûkichi Uno, Eijirô Tôno / 104’ / N&B / Copie 35mm
A la fin du 19e siècle, une jeune femme (Hideko Takamine) de condition modeste, mariée de force à un ignoble usurier, s’éprend d’un étudiant dont elle a croisé le regard devant sa porte.
La porte de l’enfer
地獄門 (jigokumon)
Réalisation : Teinosuke Kinugasa / Studios de Kyôto / Scénario : Teinosuke Kinugasa d’après Kan Kikuchi / Photographie : Kôhei Sugiyama / Musique : Yasushi Akutagawa / Décors : Kisaku Itô / Rôles principaux : Kazuo Hasegawa, Machiko Kyô, Isao Yamagata / 95’ / Couleur / Copie 16mm
Grand Prix – Festival de Cannes 1954 et Oscar du meilleur film étranger
Kyôto, au 12e siècle, pendant les guerres civiles. Le brave guerrier Morito (Kazuo Hasegawa) est chargé de faire diversion pour protéger la fuite de la famille impériale. Il doit par la même occasion escorter la belle servante Kesa. Quand l’empereur reprend la capitale et que le calme est revenu, il veut récompenser Morito. Ce dernier demande la main de Kesa. Mais Kesa est mariée avec Wataru, un serviteur. Morito songe alors à le tuer.
1956
Rivière de nuit
夜の河 (yoru no kawa)
Réalisation : Kôzaburô Yoshimura / Scénario : Sumie Tanaka d’après Hisao Sawano / Studios de Tôkyô / Photographie : Kazuo Miyagawa et Chikashi Makiura / Musique : Sei Ikeno / Décors : Akira Naitô / Rôle principal : Fujiko Yamamoto / 104’ / Couleur / Copie 35mm
Kyôto, en 1950. Un teinturier traditionnel s’inquiète pour sa fille, Kiwa (Fujiko Yamamoto), qui à 30 ans ne songe pas à se marier. Un jour, elle fait la connaissance d’un professeur et de sa fille. Ils sont attirés l’un vers l’autre et des rumeurs commencent à circuler sur leur compte. La fille du professeur qui éprouve de la sympathie pour Kiwa lui apprend que sa mère est mourante. Le professeur devenu veuf demande Kiwa en mariage.
1957
Jeune fille sous le ciel bleu
青空娘 (aozora musume)
Réalisation : Yasuzô Masumura / Studios de Tôkyô / Scénario : Yoshio Shirasaka d’après Keita Genji / Photographie : Michio Takahashi et Shizuo Watanabe / Musique : Taichirô Kosugi / Décors : Atsuji Shibata / Rôle principal : Ayako Wakao / 89’ / Couleur / Copie 35mm
Yûko (Ayako Wakao), lycéenne, a été élevée par sa grand-mère dans un village de la péninsule d’Izu. Avant de mourir, celle-ci lui avoue ses origines : elle est l’enfant adultérin d’une relation entre son père et une de ses secrétaires. Sa grand-mère décédée, Yûko doit retourner à Tôkyô vivre chez lui. Elle est traitée avec mépris par sa belle-mère et ses demi-frères.
1958
Le pavillon d’or
炎上 (enjô)
Réalisation : Kon Ichikawa / Studios de Kyôto / Scénario : Natto Wada et Keiji Hasebe d’après Yukio Mishima / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Toshirô Mayuzumi / Décors : Yoshinobu Nishioka / Rôles principaux : Raizô Ichikawa, Tatsuya Nakadai, Ganjirô Nakamura, Yôko Uraji / 99’ / N&B / Copie 35mm
Conformément aux dernières volontés de son père, le jeune Mizoguchi (Raizô Ichikawa) est pris en charge par le bonze Tayama, du temple Shûkaku à Kyôto. L’endroit est régulièrement visité par des touristes. Pour Mizoguchi, ces gens souillent l’image sacrée du temple. Qui plus est, il surprend un jour le bonze en compagnie d’une geisha. Mizoguchi va réagir de façon radicale.
Le précipice
氷壁 (hyôheki)
Réalisation : Yasuzô Masumura / Studios de Tôkyô / Scénario : Kaneto Shindô d’après Hisashi Inoue /
Photographie : Hiroshi Murai / Musique : Ifukube Akira / Décors : Tomoo Shimogawara / Rôles principaux : Kenji Sugawara, Fujiko Yamamoto, Keizô Kawasaki, Hitomi Nozoe, Kyû Sazanka / 97’/ Couleurs / Copie 35mm
Un homme trouve la mort au cours d’une ascension dans les Alpes japonaises. Accident ou homicide ? Son ami penche en faveur de l’homicide et mène sa propre enquête.
1959
L’étrange obsession
鍵 (kagi)
Réalisation : Kon Ichikawa / Studios de Tôkyô / Scénario : Keiji Hasebe, Natto Wada et Kon Ichikawa d’après Junichirô Tanizaki / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Yasushi Akutagawa / Décors : Tomoo Shimogawara / Rôles principaux : Machiko Kyô, Kanô Junko, Tatsuya Nakadai, Ganjirô Nakamura / 106’ / Couleurs / Copie 35mm
Kyôto. Le vieux Kenmochi (Ganjirô Nakamura), expert de renom en objets d’art anciens, n’a plus la force de satisfaire sexuellement sa très jeune épouse, et l’attitude faussement chaste de celle-ci l’irrite au plus au point. La jalousie étant son seul stimulant, il invente mille stratagèmes pour la pousser dans les bras d’un ami de la famille qui est déjà fiancé à sa fille.
Le fantôme de Yotsuya
四谷怪談 (yotsuya kaidan)
Réalisation : Kenji Misumi / Studios de Kyôto / Scénario : Fuji Yahiro d’après Nanboku Tsuruya / Photographie : Yukimasa Makita / Musique : Seiichi Suzuki / Décors : Seiichi Ôta / Rôles principaux : Kazuo Hasegawa, Nakata Yasuko, Yôko Uraji / 84’ / Couleurs / Copie 35mm
Iemon (Kazuo Hasegawa), samouraï de rang inférieur, cherche un moyen de répudier Oiwa, sa fidèle épouse, pour se marier avec la fille d’un dignitaire du palais qui lui apportera l’argent et les honneurs. Il fait appel à des hommes de main qui la feront mourir dans d’atroces souffrances. Le fantôme d’Oiwa ne leur pardonnera pas.
Feux dans la plaine
野火 (nobi)
Réalisation : Kon Ichikawa / Studios de Tôkyô / Scénario : Natto Wada d’après Shôhei Ôka / Photographie : Setsuo Kobayashi / Musique : Yasushi Akutagawa / Décors : Atsuji Shibata / Rôles principaux : Eiji Funakoshi, Mickey Curtis / 105’ / N&B / Copie 35mm
Leyte, 1944 : la guerre de reconquête des Philippines par les Américains fait rage. Coupé de ses arrières, un bataillon de soldats japonais tente de survivre au fond de la jungle. Leur isolement les poussera aux pires extrémités.
Herbes flottantes
浮草 (ukikusa)
Réalisation : Yasujirô Ozu / Studios de Tôkyô / Histoire originale : Kôgo Noda et Yasujirô Ozu / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Takanobu Saitô / Décors : Tomoo Shimogawara / Rôles principaux : Ganjirô Nakamura, Machiko Kyô, Ayako Wakao, Hiroshi Kawaguchi, Haruko Sugimura / 119’ / Couleur / Copie 35mm
Dans un village où il donne une représentation, le chef d’une troupe de théâtre retrouve une ancienne maîtresse avec laquelle il a eu un fils. Découvrant son secret, la compagne de celui-ci envoie une fille de la troupe séduire le beau jeune homme.
Chronique des cerisiers pâles
薄桜記 (hakuôki)
Réalisation : Kazuo Mori / Studios de Kyôto / Scénario : Daisuke Itô d’après Kôsuke Gomi / Photographie : Shôzô Honda / Musique : Ichirô Saitô / Décors : Seiichi Ôta / Rôles principaux : Raizô Ichikawa, Shintarô Katsu, Chitose Maki / 110’ / Couleur / Copie 16mm
Le 14 décembre 1701, les 47 loyaux serviteurs du défunt Seigneur Asano injustement condamné au hara-kiri s’apprêtent à venger leur maître en attaquant la maison du dignitaire Kira, responsable de cette infamie. L’un deux, Yasubei (Shintarô Katsu), se remémore son destin qui le conduisit à servir Asano après sa rencontre fortuite avec un samouraï de haut rang, Tange Tenzen (Raizô Ichikawa) au cours du fameux duel de Takadanobaba (1694) où Yasubei était venu en aide à son oncle cerné par des dizaines d’ennemis.
1960
Testaments de femmes
女経 (nyokyô)
Réalisation : Yasuzô Masumura, Kon Ichikawa, Kôzaburô Yoshimura / Studios de Tôkyô / Scénario : Toshio Yasumi d’après Shôfû Muramatsu / Photographie : Hiroshi Murai, Setsuo Kobayashi, Kazuo Miyagawa / Musique : Yasushi Akutagawa / Décors : Hikaru Yamaguchi, Takesaburô Watanabe, Atsuji Shibata / Rôles principaux : Ayako Wakao, Fujiko Yamamoto, Machiko Kyô / 100’ / Couleur / Copie 35mm
Trois portraits de la femme japonaise moderne, volontaire, audacieuse et dominatrice : La femme qui veut mordre l’oreille (Masumura) ; La femme qui ne faisait pas de cadeaux (Ichikawa) ; La femme qui avait oublié d’aimer (Yoshimura).
La chanson de la lanterne
歌行灯 (uta andon)
Réalisation : Teinosuke Kinugasa / Studios de Kyôto / Scénario : Teinosuke Kinugasa et Jun Sagara d’après Kyôka Izumi / Photographie : Kimio Watanabe / Décors : Tomoo Shimogawara / Musique : Ichirô Saitô / Rôles principaux : Raizô Ichikawa, Fujiko Yamamoto / 114’ / Couleur / Copie 16mm
Fin du 19e siècle. Kitahachi Onchi (Raizô Ichikawa), fils héritier du chef de file de l’école de nô Kanze est invité à une représentation réunissant tous les maîtres de cette école à Nagoya. Parmi eux, on trouve Sôzan, aveugle et d’origine modeste, jaloux de la puissance de la famille Onchi. Kitahachi, déguisé en voyageur, lui rend visite puis l’humilie jusqu’à l’acculer au suicide. Kitahachi, renié par son père, devient artiste ambulant. Il rencontre, près de la tombe de Sôzan, la fille (Fujiko Yamamoto) de celui-ci dont il tombe amoureux. En dépit de sa rancune, elle commence à l’aimer et lui demande de l’aider à se perfectionner dans l’art du nô.
Le masseur Shiranui
不知火検校 (shiranui kengyô)
Réalisation : Kazuo Mori / Studios de Kyôto / Scénario : Minoru Inuzuka / Photographie : Sôichi Aisaka / Décors : Seiichi Ôta / Musique : Ichirô Saitô / Rôles principaux : Shintarô Katsu et Tamao Nakamura / 91’ / N&B / Copie 16mm
Sugi-no-Ichi (Shintarô Katsu), jeune aveugle de naissance à l’enfance misérable, est recueilli par un kengyô, maître respecté à la cour du shôgun et aveugle lui-même qui forme, pour favoriser leur insertion sociale, les simples aveugles (zatô) aux techniques de massage, de l’acuponcture et de récitant au shamisen. Refusant la fatalité de sa condition (le zatô est le rang le plus bas dans la communauté des aveugles), Sugi-no-Ichi va recourir au crime pour éliminer ses rivaux à la succession du maître.
Le film qui inspira la fameuse série Zatoïchi.
Tendre et folle adolescence
おとうと (otôto)
Réalisation : Kon Ichikawa / Studios de Tôkyô / Scénario : Yôko Mizuki d’après Aya Kôda / Photographie : Kazuo Miyagawa et Shôzô Tanaka / Musique : Yasushi Akutagawa / Décors : Tomoo Shimogawara / Rôles principaux : Keiko Kishi, Hiroshi Kawaguchi, Kinuyo Tanaka, Masayuki Mori / 98’ / Couleur / Copie 35mm
Mention spéciale de la Commission Supérieure Technique – Festival de Cannes 1961
Une sœur (Keiko Kishi) et son petit frère (Hiroshi Kawaguchi) s’entendent bien malgré un foyer peu chaleureux. Le père, écrivain, s’est remarié. Cependant, malgré la confiance entre frère et sœur, certains problèmes surgissent. Quand il est atteint d’une maladie incurable, il s’attriste de voir sa sœur se marier. Le jour de sa mort, elle tâche de supporter courageusement les chagrins et la fatigue.
1961
La mauvaise réputation
悪名 (akumyô)
Réalisation : Tokuzô Tanaka / Studios de Kyôto / Scénario : Yoshikata Yoda d’après Tôkô Kon / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Akira Ifukube / Décors : Akira Naitô / Rôles principaux : Shintarô Katsu, Jirô Tamiya, Tamao Nakamura, Yasuko Nakata, Yoshie Mizutani / 94’ / Couleurs / Copie 35mm
Région d’Ôsaka, 1930. Tout droit sorti de sa campagne, Asakichi (Shintarô Katsu), jeune voyou flambeur et bagarreur vit au crochet d’une geisha. Pour se faire un nom, il tente sa chance dans les combats de coqs mais entre en conflit avec le clan yakuza de son quartier.
Shaka : la vie de Bouddha
釈迦 (shaka)
Réalisation : Kenji Misumi / Studios de Kyôto / Scénario : Yahiro Fuji / Photographie : Hiroshi Imai / Musique : Akira Ifukube / Décors : Kisaku Itô, Akira Naitô / Effets spéciaux : Yoshiyuki Kuroda / Rôles principaux : Kôjirô Hongô, Charito Solis, Shintarô Katsu, Raizô Ichikawa / 156’ / Couleurs / Copie 35mm
Ce péplum à la japonaise retrace la vie de Bouddha. Le prince Siddhartha Gautama (Kôjirô Hongô), tenu à l’abri des souffrances du monde dans son palais, décide de partir à l’âge de 29 ans pour méditer sur la vie, l’angoisse de la vieillesse, la maladie et la mort. Après des années d’épreuves, guidé par sa foi, il se déplace avec ses disciples d’une région à l’autre, accomplissant des miracles tout en enseignant la bonté humaine. Son périple est entrecoupé de scènes de rivalité et de jalousie mais aussi sur l’amour de ceux qui entourent Siddhartha.
1962
Le serment rompu
破戒 (hakai)
Réalisation : Kon Ichikawa / Studios de Kyôto / Scénario : Natto Wada d’après Tôson Shimazaki / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Yasushi Akutagawa / Décors : Yoshinobu Nishioka / Rôles principaux : Raizô Ichikawa, Hiroyuki Nagato, Eiji Funakoshi, Shiho Fujimura, Rentarô Mikuni / 119’ / N&B / Copie 35mm
Début du XXe siècle, fin de l’ère Meiji : à la suite de l’assassinat de son ami Inoko, chef de file d’un mouvement anti-discrimination, l’instituteur Segawa (Raizô Ichikawa) décide de rompre le serment fait à son père de ne jamais révéler à son entourage ses origines burakumin, cette caste traditionnellement rejetée par la société car chargées des métiers « impurs », ceux liés au sang et à la mort : tanneurs, équarisseurs, abatteurs d’animaux.
La légende de Zatôichi, le masseur aveugle
座頭市物語 (zatôichi monogatari)
Réalisation : Kenji Misumi / Studios de Kyôto / Scénario : Minoru Inuzuka d’après Kan Shimozawa / Photographie : Chikashi Makiura / Musique : Akira Ifukube / Décors : Akira Naitô / Rôles principaux : Shintarô Katsu, Shigeru Amachi, Masayo Banri / 96’ / N&B / Copie 16mm
Un aveugle d’aspect pataud (Shintarô Katsu) fait son irruption dans la petite province de Shimôsa. Nommé Ichi, il se fait vite connaître pour ses talents de masseur et pour son habileté surnaturelle aux dés. Mais une autre réputation l’a précédé : en dépit de son handicap, c’est un bretteur hors pair. Et le parrain du clan yakuza Iioka entend bien s’attacher ses services dans la guerre sanglante qui gronde contre son ennemi irréductible, le clan Sasagawa.
Tuer
斬る (kiru)
Réalisation : Kenji Misumi / Studios de Kyôto / Scénario : Kaneto Shindô d’après Renzaburô Shibata / Photographie : Shôzô Honda / Musique : Ichirô Saitô / Décors : Akira Naitô / Rôles principaux : Raizô Ichikawa, Shiho Fujimura, Shigeru Amachi / 71’ / Couleurs / Copie 35mm
Fils du vassal Takakura, le samouraï Shingo (Raizô Ichikawa) a une réputation de sabreur invincible qui lui attire les faveurs de son suze-rain. Un jaloux cherche alors à désavouer Shingo en remettant en question ses origines.
Samedi 25 janvier 16h00
La bête élégante
しとやかな獣 (shitoyakana kedamono)
Réalisation : Yûzô Kawashima / Studios de Tôkyô / Histoire élégante : Kaneto Shindô / Photographie : Nobuo Munekawa / Musique : Sei Ikeno / Décors : Atsuji Shibata / Rôles principaux : Ayako Wakao, Eiji Funakoshi, Yûko Hamada / 96’ / Couleurs / Copie 35mm
Dans le Japon de l’après-guerre, une famille se livre à des escro¬que-ries en tout genre pour profiter pleinement des plaisirs matériels du monde moderne.
Vendredi 31 janvier 17h30
1963
La poupée brisée
越前竹人形 (echizen take ningyô)
Réalisation : Kôzaburô Yoshimura / Studios de Kyôto / Scénario : Ryôzô Kasahara d’après Tsutomu Minakami / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Sei Ikeno / Décors : Yoshinobu Nishioka / Rôles principaux : Ayako Wakao, Junichirô Yamashita, Tamao Nakamura, Ganjirô Nakamura / 103’ / Couleurs / Copie 16mm
Kisuke épouse une ancienne geisha, Tamae (Ayako Wakao), dont son père s’était autrefois charitablement occupé. Kisuke est un artisan qui fabrique des poupées en bambou. Il invente un nouveau style, baptisé « Echizen », en s’inspirant de l’impression qu’il eut en voyant Tamae pour la première fois. Mais un drame va lui faire renoncer à fabriquer ces poupées.
Samedi 1er février 14h00
Le magnat
傷だらけの山河 (kizudarake no sanga)
Réalisation : Satsuo Yamamoto / Studios de Tôkyô / Scénario : Kaneto Shindô d’après Tatsuzô Ichikawa / Photographie : Setsuo Kobayashi / Musique : Sei Ikeno / Décors : Shigeo Mano / Rôle principal : Sô Yamamura / 152’ / N&B / Copie 35mm
Dans le Japon de l’après-guerre, Katsuhei Arima (Sô Yamamura) a sacrifié sa famille à ses ambitions. Déjà maître d’un empire industriel, il décide de créer une société de chemin de fer : il pressent que le retour sur investissement sera colossal car Tôkyô est en train de devenir une mégalopole. Quand il apprend que la même idée a germé chez son rival principal, Arima va harceler ses employés pour remporter le marché.
1965
Kyôshirô Nemuri : le sabreur et les pirates
眠狂四郎 炎情剣 (nemuri kyôshirô enjôken)
Réalisation : Kenji Misumi / Studios de Kyôto / Scénario : Seiji Hoshikawa d’après Renzaburô Shibata / Photographie : Fujio Morita / Musique : Saitô Ichirô / Décors : Akira Naitô / Rôles principaux : Raizô Ichikawa, Tamao Nakamura / 83’ / Couleurs / Copie 16mm
Kyôshirô Nemuri (Raizô Ichikawa) est un samouraï vagabond et sabreur hors-pair qui parcourt sans fin le pays à la recherche de ses origines : il serait l’enfant d’un missionnaire chrétien et d’une Japonaise, et il aurait été conçu au cours d’une messe noire. Dans cet épisode, Kyôshirô vient en aide à une femme qui veut venger la mort de son mari, et celle-ci s’offre à lui pour le remercier. Cette rencontre amènera Kyôshirô à être impliqué dans une affaire de trésor opposant le clan yakuza local à des pirates.
Le soldat yakuza
兵隊やくざ (heitai yakuza)
Réalisation : Yasuzô Masumura / Studios de Tôkyô / Scénario : Ryûzô Kikushima d’après / Photographie : Setsuo Kobayashi / Musique : Naozumi Yamamoto / Décors : Tomoo Shimogawara / Rôles principaux : Shintarô Katsu, Takahiro Tamura / 102’ / N&B / Copie 35mm
1943, Mandchourie. Un camp militaire de l’armée japonaise accueille des nouveaux. L’un d’eux, Ômiya (Shintarô Katsu), est un ancien yakuza dont la réputation d’indiscipliné lui vaut d’être pris en main par le première classe Arita (Takahiro Tamura), un intellectuel qui a échoué aux examens d’officier supérieur en raison de sa répugnance pour la hiérarchie militaire. Unis par un même dégoût des lois martiales, les deux hommes, aux caractères pourtant opposés, vont se lier d’amitié et chercher à déserter.
1966
L’école militaire Nakano
陸軍中野学校 (nakano rikugun gakkô)
Réalisation : Yasuzô Masumura / Studios de Tôkyô / Scénario : Seiji Hoshikawa / Photographie : Setsuo Kobayashi / Musique : Tadashi Yamanouchi / Décors : Tomoo Shimogawara / Rôles principaux : Raizô Ichikawa, Mayumi Ogawa / 95’ / N&B / Copie 35mm
Tôkyô. Au cours d’un entretien insolite, un officier de l’armée de terre (Raizô Ichikawa) comprend qu’il vient d’être intégré dans l’école d’espion de Nakano. Coupé du monde pendant un an, formé à toutes les disciplines, même le sexe, il va devenir le parfait agent. Sa fiancée cherche à retrouver sa trace en se faisant embaucher à Nakano comme dactylo.
La tour d’ivoire 150’
白い巨塔 (shiroi kyotô)
Réalisation : Satsuo Yamamoto / Studios de Tôkyô / Scénario : Shinobu Hashimoto d’après Toyoko Yamasaki / Photographie : Nobuo Munekawa / Musique : Sei Ikeno / Décors : Shigeo Mano / Rôles principaux : Jirô Tamiya, Eijirô Tôno / 150’ / N&B / Copie 35mm
Ôsaka. Dans une clinique réputée, on s’apprête à élire le successeur du directeur Azuma (Eijirô Tôno). Gorô Zaizen (Jirô Tamiya), chirurgien prodige, fait figure de favori. Mais Azuma a toujours été jaloux du talent de son disciple. Il met en place une terrible machination pour réduire à néant les ambitions trop voyantes de Zaizen.
1967
Le silencieux
ある殺し屋 (aru koroshiya)
Réalisation : Kazuo Mori / Studios de Kyôto / Scénario Yasuzô Masumura, Yoshihiro Ishimatsu d’après Shinya Fujiwara / Photographie : Kazuo Miyagawa / Musique : Hajime Kaburagi / Décors : Seiichi Ôta / Rôles principaux : Raizô Ichikawa, Yumiko Nogawa, Mikio Narita / 82’ / Couleurs / Copie 16mm
Shiozawa (Raizô Ichikawa) est un Japonais qui a fait le deuil de ses rêves de jeunesse à la guerre. Devenu cuisinier, il mène une vie d’anonyme. Personne n’irait se douter qu’il est aussi un redoutable tueur à gages qui n’a jamais raté sa cible.
La rivière des larmes
なみだ川 (namida gawa)
Réalisation : Kenji Misumi / Studios de Kyôto / Scénario Yoshikata Yoda d’après Shûgorô Yamamoto / Photographie : Chikashi Makiura / Musique : Taichirô Kosugi / Décors : Akira Naitô / Rôles principaux : Shiho Fujimura, Kiku Wakayanagi, Rokkô Toura, Kamatari Fujiwara / 79’ / Couleurs / Copie 35mm
Edo, XIXe siècle. Pour décider Otaka, la cadette, à quitter la cellule familiale (celle-ci refuse, selon les convenances, de se marier avant son aînée), Oshizu (Shiho Fujimura), l’aînée, lui faire croire qu’elle vient de se fiancer. Un drame familial à la Ozu en costumes.
1968
Un loup solitaire
ひとり狼 (hitori ôkami)
Réalisation : Kazuo Ikehiro / Studios de Kyôto / Scénario : Kinya Naoi d’après Genzô Murakami / Photographie : Hiroshi Imai / Musique : Takeo Watanabe / Seiichi Ôta / Rôle principal : Raizô Ichikawa / 84’ / Couleurs / Copie 16mm
Le yakuza Magohachi se remémore avec émotion sa rencontre, quelques années auparavant, avec un autre yakuza, Isaburô (Raizô Ichikawa), sans clan ni maître, mais attaché au code de l’honneur avec un sens de l’équité inclassable. Devenu un temps l’intime de Magohachi avant de repartir sur les routes, Isaburô lui avait confié ses origines : orphelin recueilli par une riche famille de samouraï, qui choisit de vivre en marge de la société suite à un drame amoureux.
La lanterne pivoine
牡丹燈籠 (botan dôrô)
Réalisation : Satsuo Yamamoto / Studios de Kyôto / Scénario Yoshikata Yoda / Photographie : Chikashi Makiura / Musique : Akira Ifukube / Décors : Yoshinobu Nishioka / Rôles principaux : Kôjirô Hongô, Miyoko Akaza, Mayumi Ogawa, Kô Nishimura, Takashi Shimura / 89’ / Couleurs / Copie 35mm
Un été, au cours des fêtes religieuses données en l’honneur des âmes des défunts, Shinzaburô (Kôjirô Hongô) fait la rencontre d’Otsuyu (Miyoko Akaza), une jeune femme accompagnée de sa servante, qui a le coup de foudre pour lui. La servante supplie étrangement Shinzaburô d’accepter les avances de sa maîtresse après lui avoir expliqué combien celle-ci est malheureuse en amour...
1971
Jeux dangereux
遊び (asobi)
Réalisation : Yasuzô Masumura / Studios de Tôkyô / Scénario : Yasuzô Masumura d’après Akiyuki Nosaka / Photographie : Setsuo Kobayashi / Musique : Takeo Watanabe / Décors : Mano Shigeo / Rôle principal : Keiko Sekine / 90’ / Couleur / Copie 35mm
Une jeune ouvrière s’éreinte à rembourser les dettes de sa mère, veuve d’un homme alcoolique, flambeur et violent. Décidée à gagner plus d’argent, elle accepte de devenir hôtesse de bar et se laisse séduire par un dangereux proxénète.
Jeux dangereux est le dernier film produit par la Daiei, et sorti le 4 septembre 1971, juste avant la déclaration de sa mise en faillite. L’entreprise sera rachetée par une partie de son personnel et rebaptisée Eizô Kyôto (Kyôto Image). Les meilleurs techniciens de la Daiei y travailleront, produisant pour le cinéma, mais aussi pour la télévision à laquelle ils apporteront leur savoir-faire.