Conférence de Patrick Beillevaire (École des hautes études en sciences sociales), François Macé (Institut national des langues et civilisations orientales) et Philippe Rothstein (université de Montpellier III).
Léon de Rosny (1837-1914), orientaliste, ethnologue, journaliste, fut le premier enseignant de langue et de civilisation japonaises à l’École spéciale des langues orientales (1863). Conférencier au Collège de France, président de la société d’Ethnographie, il a organisé à Paris en 1873 le premier Congrès international des orientalistes et fondé la Société des Études japonaises, chinoises, tartares et indochinoises. En 1886, il devient directeur adjoint de la conférence sur les religions de l’Extrême-Orient à la cinquième section des sciences religieuses à l’École pratique des hautes études récemment créée. Homme aux centres d’intérêts et domaine de recherche multiples (linguistique, ethnologie, religions, etc.), il se consacra non seulement à l’étude de la Chine, du Japon et des autres pays d’Asie orientale mais aussi à l’Amérique centrale.
Dans l’œuvre de Léon de Rosny, la traduction du japonais et du chinois classique occupe une place de choix. Il est notamment l’auteur de la première traduction de textes littéraires japonais en France. Les traductions d’ouvrages japonais qu’il a publiées couvre un champ aussi large que celui de ses recherches : un conte chinois L’épouse d’outre-tombe (1864, 1875), la sériciculture (1868), une anthologie de la poésie classique japonaise (1871), l’oeuvre du moine bouddhiste Kûkai (1876), le Nihon shoki, seconde plus ancienne chronique du Japon (1887), Le livre de la piété filiale de Confucius (1893), etc. Depuis 1860, Léon de Rosny s’est efforcé d’incarner l’exemple du nécessaire effort de médiation entre la réalité historico-philologique de la langue des peuples, de ce qu’il appelait les « nations », les « nationalités » et ce que, comme les spiritualistes de son époque, il nommait « l’âme humaine ».