L’exposition « Japon Afrique intimes » révèle les étonnants liens esthétiques entre l’Afrique de l’Ouest et l’archipel japonais. Photographies, sculptures et installation – souvent inédites – de l’artiste Serge Mouangue montreront les similitudes esthétiques entre ces deux régions pourtant si éloignées l’une de l’autre.
Alors que 2020 est l’année de l’Afrique en France, la Maison de la culture du Japon à Paris témoigne avec cette exposition de son attention particulière au dialogue créatif avec l’Afrique.
Né au Cameroun, vivant en France et ayant travaillé plusieurs années au Japon, l’artiste et designer Serge Mouangue est le fondateur et directeur artistique de Wafrica. Cette plateforme créative a pour objectif de combiner les esthétiques ouest-africaine et japonaise comme le suggère son nom composé d’Afrique et de « wa » (« harmonie » ou « Japon » en japonais). En fusionnant des imaginaires perçus comme opposés, les réalisations de Wafrica interrogent les notions d’origine et d’identité.
L’exposition de la MCJP présente plusieurs oeuvres de Serge Mouangue conçues dans le cadre de Wafrica. Les Blood Brothers mêlent la sculpture sur bois du Cameroun à la laque urushi : une famille d’artisans-laquiers de Tokyo, qui travaille habituellement pour l’Empereur, s’est vue confier l’application de la laque sur les personnages de bois pygmée.
Des photographies montreront de magnifiques kimonos confectionnés en wax, les emblématiques tissus imprimés africains. C’est d’ailleurs vêtue d’un kimono Wafrica que l’actrice Victoria Abril s’était rendue au Festival de Cannes en 2017. Serge Mouangue s’est également inspiré du masque du théâtre nô ou de la plume évoquant le vaudou pour d’autres créations hybrides, représentatives d’une 3ème esthétique, ni africaine ni japonaise.
À l’heure de la mondialisation, Wafrica délivre un message évident entre le Japon et l’Afrique en transcendant leurs symboles et icônes culturels respectifs.
Serge Mouangue
Né au Cameroun, Serge Mouangue étudie en France le design à l’ENSCI (École nationale supérieure de création industrielle). Il travaille ensuite en Australie, y côtoie l’architecte Glenn Murcutt, lauréat du prix Pritzker en 2002, puis travaille à Tokyo où il conçoit des concept-cars. Durant ses cinq années passées au Japon, il crée en 2008 Wafrica dont il est le directeur artistique. Remarqué pour ses kimonos novateurs, il est nommé TED Fellow en 2011. Ses oeuvres sont exposées dans le monde entier, notamment au Van Gogh Museum d’Amsterdam et au Museum of Arts and Design de New York, ainsi que lors du 6ème sommet de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) à Nairobi, Kenya. En février, il participera à l’exposition “Kimono: Kyoto to Catwalk ” du Victoria & Albert Museum de Londres.
Basé à Paris, le projet Wafrica possède une petite équipe à Tokyo, Kyoto et Yaoundé au Cameroun.
www.wafrica.art