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FILMS, RENCONTRES, CONFÉRENCES, SPECTACLES

Si le cinéma n'était pas un art, l'œuvre de Kenji Mizoguchi n'en suffirait pas moins à l'inscrire au rang des plus hautes manifestations du génie humain. L'émotion qui étreint à la vision de ses films est une lame de fond souveraine et impavide qui dévaste l'âme sans retour. Ses mélodrames féminins, genre de récit dans lequel il s'est le plus souvent illustré, ne sont pas de ceux qui mendient les larmes, mais qui foudroient et font éprouver ce que Primo Levi appelait « la honte d'être un homme ». Un film, L'Intendant Sansho (1954), semble en cette qualité constituer la pierre de touche de son œuvre. Car à travers cette histoire féodale de deux enfants arrachés à leurs parents, vendus comme esclaves à un tyran et traversant l'existence comme une vallée de douleurs, on reconnaît ce « poème de la force » que Simone Weil évoquait à propos de l'Iliade : « L'âme humaine ne cesse pas d'y apparaître modifiée par ses rapports avec la force, entraînée, aveuglée, par la force dont elle croit disposer, courbée sous la contrainte de la force qu'elle subit. » Et plus loin : « La force, c'est ce qui fait de quiconque lui est soumis une chose. Quand elle s'exerce jusqu'au bout, elle fait de l'homme une chose au sens le plus littéral, car elle en fait un cadavre. Il y avait quelqu'un, et, un instant plus tard, il n'y a personne. » Voici, résumé en quelques mots, tout l'art de Mizoguchi.

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