Depuis plus d’un demi-siècle, Fukumi Shimura tisse des kimonos avec des fils de soie qu’elle teint avec des végétaux. Influencée par le mouvement Mingei qui reconnaissait la valeur des arts populaires, elle a toujours recherché la beauté dans le tsumugi, pongé de soie que les paysannes japonaises tissaient pour leur usage quotidien. Grâce à sa sensibilité et à son imagination singulières, elle a été élevée au rang de Trésor national vivant en 1990. Aujourd’hui âgée de près de 90 ans, elle continue à exprimer dans ses créations sa fascination pour la nature et l’infinie variété de ses couleurs. La poésie, le Dit du Genji et d’autres chefs-d’oeuvre de la littérature sont aussi pour elle une source d’inspiration majeure.

La place essentielle qu’occupe la couleur dans l’esthétique japonaise est parfaitement illustrée par l’expression « Quarante-huit nuances de brun, cent nuances de gris » en vogue à l’époque Edo (1603-1868). Perpétuant cette tradition, Fukumi Shimura porte une extrême attention au choix des coloris comme l’atteste la trentaine de splendides kimonos qui seront présentés cet automne à la Maison de la culture du Japon à Paris. Son savoir-faire extraordinaire, elle l’a transmis notamment à sa fille et disciple Yôko Shimura dont quelques créations seront également exposées. L’espace où seront rassemblés métier à tisser, outils, écheveaux de fils, plantes et fleurs utilisées pour la teinture nous donnera l’impression de pénétrer dans l’atelier de Fukumi Shimura. Il nous permettra de mieux comprendre le long et minutieux processus de fabrication de ses chefs-d’oeuvre de soie. Car, pour ce Trésor vivant, teindre et tisser n’est pas une simple activité artistique. C’est avant tout la quête d’une coexistence harmonieuse avec la nature.

Autour de l’exposition

► Fukumi et Yôko Shimura parleront de leur travail lors d’une conférence le vendredi 12 décembre 2014 à 18h30
► Un atelier est également prévu le samedi 13 décembre 2014 à 15h.