Les trésors du Shôsô-in de Nara sont présentés au public une seule fois par an à l’automne à l’occasion de l’ « Exposition Shôsô-in » organisée au Musée national de Nara. À l’approche de la prochaine édition, qui se tiendra du 24 octobre au 9 novembre, Akito Mutaguchi, professeur à l’Université Tezukayama et spécialiste de l’époque Nara, nous parlera de l’amour qui unissait l’Empereur Shômu et l’Impératrice Kômyô au 8e siècle. Il nous présentera la magnificence des trésors qu’ils nous ont légués comme fruit de leur amour.

 

« Construit au 8e siècle à Nara, alors capi­tale du Japon, le Shôsô-in est une cons­truc­tion en bois où sont conser­vés des tré­sors impé­riaux. Il était com­posé à l’ori­gine d’un ensem­ble d’entre­pôts du Tôdai-ji, l’un des tem­ples de la ville ins­crits au patri­moine mon­dial de l’Unesco. Ainsi, un docu­ment daté de 756 indi­que que « l’Impératrice Kômyô a fait une dona­tion de plus de 600 tré­sors au Grand Bouddha du Tôdai-ji ».

Ces extra­or­di­nai­res objets témoi­gnent du pro­fond amour de l’Impératrice envers son mari, l’Empereur Shômu, décédé peu avant la dona­tion. Parmi eux figu­rent des ins­tru­ments de musi­que, des jeux tels que le back­gam­mon d’antan ou encore des œuvres arti­sa­na­les fabri­quées avec des maté­riaux rares venus de ter­ri­toi­res loin­tains comme Madagascar ou la Sicile. La plus inso­lite de ces pièces est cer­tai­ne­ment une lite­rie com­plète uti­li­sée par le couple impé­rial.

On compte aujourd’hui plus de 9 000 objets dans les col­lec­tions du Shôsô-in. Ils cons­ti­tuent de pré­cieux témoins des échanges cultu­rels entre le Japon et les pays d’Eurasie : beau­coup d’entre eux sont ainsi arri­vés au Japon après avoir tra­versé les déserts, les forêts ou les mers de la Route de la Soie. Chacun de ces tré­sors nous a été pré­cieu­se­ment trans­mis jusqu’à aujourd’hui. Malheureusement, ils sont rare­ment pré­sen­tés au public. En effet, en tant que tré­sors impé­riaux, ils sont sous l’admi­nis­tra­tion directe de l’Agence impé­riale, qui n’auto­rise qu’une fois par an l’expo­si­tion de seu­le­ment 70 objets au Musée National de Nara, à l’occa­sion de l’ « Exposition Shôsô-in ». Pour des rai­sons de conser­va­tion, les pièces ne peu­vent être expo­sées plus d’une fois tous les dix ans.

Bien qu’ils soient un patri­moine excep­tion­nel pour l’huma­nité, les tré­sors du Shôsô-in ne sont jamais mon­trés à l’étranger. Peu de Français connais­sent donc leur exis­tence. J’ai tra­vaillé à la télé­vi­sion japo­naise en tant que pro­duc­teur pen­dant 17 ans, et, à ce titre, j’ai eu la chance de filmer beau­coup de ces objets pour dif­fé­rents pro­gram­mes cultu­rels.

Je serai ravi de vous parler de la magni­fi­cence des tré­sors du Shôsô-in, mais aussi du fait qu’ils sont le fruit de l’amour pas­sionné qui unis­sait l’Empereur Shômu et l’Impératrice Kômyô. »

Akito Mutaguchi
Professeur au Département de Littérature
Université Tezukayama