Dès l’époque Jômon (10 500 – 300 avant J.C.) sont apparues au Japon des formes d’art du spectacle destinées à obtenir la protection des divinités, essentiellement au moment des récoltes. Une fois par an, musiques et danses étaient interprétées au cours de fêtes (matsuri) qui représentaient une occasion privilégiée pour les humains de communiquer avec les dieux. Autant rites religieux que divertissements populaires, elles s’étendirent rapidement à tout le pays où elles prirent des formes différentes selon les régions. Les danses de kagura étaient exécutées par des hommes entrés en transe pour se transformer en dieux et permettaient de s’assurer les bienfaits des divinités et d’éloigner les malheurs. 
Les kagura sont généralement regroupés en deux grandes catégories : les mikagura faits principalement à la Cour et dans l’enceinte des grands sanctuaires et les sato kagura ou « kagura de village » exécutés à l’origine par les prêtres et les moines itinérants. Parmi ces derniers on distingue celui des miko dansé par les jeunes servantes des sanctuaires, celui d’Izumo, celui d’Ise et les shishi kagura, danses mêlées de « danse du lion » d’origine chinoise. 

La région de Ohara est située dans le département de Shimane, plus précisément dans la zone orientale autrefois appelée «Izumo no kuni» (le pays d’Izumo). Un des épisodes du Kojiki (« Récit des choses anciennes »), la plus ancienne chronique du Japon compilée en 712, se déroule dans cette province de Izumo no kuni aussi connue sous le nom de « pays des dieux ». En effet, depuis les temps les plus reculés s’est nouée une longue histoire entre cette province et une multitude de divinités, principalement au grand sanctuaire shintô d’Izumo.
Différentes fêtes religieuses auxquelles participent les prêtres shintoïstes et les villageois sont par conséquent apparues très tôt dans cette région. Ainsi, les danses de kagura, la « danse du lion » shishimai ou encore les danses agricoles dengaku exécutées dans l’enceinte de nombreux sanctuaires étaient très populaires.

Le « kagura de Ohara » a connu une véritable renaissance dans les années 1850. Les prêtres shintoïstes de Ohara et des régions avoisinantes ont commencé à partir de cette date à répertorier et à transmettre les danses et chants des kagura qui étaient disséminés dans cette zone géographique. Par la suite, ils les ont réunis dans des recueils. C’est donc grâce aux prêtres que les kagura nous sont parvenus sous leur forme originelle d’ « art religieux », sans que les villageois n’y impriment à aucun moment leur marque. C’est pourquoi ils sont réputés pour leur authenticité.

Le spectacle de kagura qui est donné à la Maison de la culture du Japon à Paris se compose de 3 danses. Les musiques et les danses sont interprétées exclusivement par des prêtres shintoïstes. Les 8 danseurs sont accompagnés de 5 musiciens (tambours, flûte, etc.).