L'exposition Yayoi Kusama - installations présente les derniers
« environnements » spectaculaires et obsessionnels d'une figure majeure de la scène artistique.
Née en 1929 à Matsumoto, dans le département de Nagano, où elle grandit dans une famille aisée, Yayoi Kusama se passionne très tôt pour l'art occidental. Elle réalise ses premières oeuvres au début des années 50. Les métaphores sexuelles qui seront présentes tout au long de sa production artistique sont déjà là, ainsi que d'autres motifs récurrents tels que les points, les mailles, qu'elle s'obstine à répéter et à accumuler. Les hallucinations qui la poursuivent depuis son enfance ne cesseront de hanter son oeuvre.
Au début des années 60, Kusama quitte le Japon pour les Etats-Unis et s'installe à New York où elle fréquente Donald Judd et Franck Stella qui sont parmi ses premiers collectionneurs. Rapidement assimilée à l'avant-garde new-yorkaise, elle apparaît comme l'un des précurseurs du pop art et de l'art environnemental. A partir de 1964, elle présente des installations environnementales aux motifs de « filets infinis » de ses précédentes peintures, ornées de points ou utilisant des miroirs. Plus tard, l'obsession de la sexualité et de la nourriture devient manifeste dans ses oeuvres. Alors que c'est aux Etats-Unis qu'elle travaille pendant la première moitié des années 60, elle concentre son activité en Europe durant la fin de cette décennie. Elle rejoint le groupe Zero de Piero Manzoni et d'Yves Klein et organise des expositions personnelles dans des musées et galeries des Pays-Bas et d'Italie.
C'est dans ces années 60, à l'instar de nombreux artistes, que Kusama s'implique dans des causes sociales et politiques radicales. Au travers de ses happenings où la nudité symbolise l'amour, la paix et la nature (au moment même où dans les médias on ne voit et ne parle que des ravages causés par la guerre au Vietnam), elle délivre des messages pacifistes, antimilitaristes et libertaires.
En 1973, elle retourne au Japon et entre, à sa demande, en 1977 dans un établissement psychiatrique privé où elle vit et travaille toujours.
 
En 1993, un changement radical survient dans sa carrière lorsqu'elle est invitée à la Biennale de Venise en tant que représentante du Japon.
Elle effectue alors son grand retour sur la scène artistique internationale. En 1998, le MoMA de New York lui consacre une importante rétrospective. Son exposition à la Serpentine Gallery de Londres en janvier 2000 marque le début d'une véritable reconnaissance de cette artiste en Europe.
 
L'exposition présentée à la Maison de la culture du Japon à Paris, et précédemment montrée au Consortium de Dijon, initiateur du projet, procède d'une démarche différente. Il lui a en effet été demandé de concevoir, totalement librement et sans les contraintes que pourrait imposer une commande commerciale, une dizaine d'installations. Kusama, âgée de 72 ans, a volontiers relevé le défi et imaginé une série d'espaces cloisonnés et monumentaux, aussi passionnants que spectaculaires, peuplés de lumières, de couleurs et bien sûr d'une multitude de pois, au coeur desquels le visiteur perpétuellement sollicité est invité à une immersion déstabilisante. A travers ses derniers environnements, cette exposition révèle les préoccupations les plus actuelles de cette artiste.

 

On peut ainsi voir :

Invisible Life (2000) : parcours labyrinthique recouvert d'une centaine de miroirs convexes.
I'm Here but Nothing (2000) : salle occupée par des meubles et des objets usuels où chaque élément (y compris les murs) est couvert de pois qui réagissent à des tubes de lumière noire.
Fireflies on the Water (2000) : dans une sorte de chambre noire, miroirs, jeux d'eau et ampoules multicolores conjuguent leurs effets pour abuser le spectateur qui perd dans cet espace clos tous ses repères.
Dots Obsession, New Century (2000) : dans une salle couverte de pois de tailles et de couleurs différentes, dix ballons gigantesques flottent dans l'espace.
Infinity Mirrored Room - Love Forever (1996) : une boîte hexagonale tapissée de miroirs forme un dispositif de « peep show » au travers duquel le visiteur découvre un paysage kaléïdoscopique, effet engendré par des lumières colorées.
Narcissus Garden (1966-2000) : présenté ' off ' à l'occasion de la Biennale de Venise en 1966 où Kusama avait dispersé des centaines de boules de noël argentées, formant un miroir flottant.
 
Ladder to Heaven (2000) : dans une grande salle totalement obscure, une échelle en fibre optique relie deux miroirs circulaires au sol et au plafond, multipliant son reflet tour à tour vert, jaune, bleu ou blanc, à l'infini.
God's Heart (2000) : grand coeur lumineux dont le miroir démultiplie tout ce qui s'y reflète.
Infinity Nets (2000) : le grand polyptyque aux réminiscences orientales présente un réseau maillé de peinture dorée où sont retenues des myriades de points rouges.
Une vidéoroom, meublée de grands coussins multicolores gonflables, propose un retour sur d'anciens happenings et installations.
« Une exposition à la fois jubilatoire et claustrophobe, extraordinairement énergisante sur le plan visuel et profondément perturbante. »Libération
 
« 'œuvre de Kusama fait le pont entre la génération des babas et celle de Mariko Mori, entre 'art psychédélique et le virtuel, se promène entre business et folie, marginalité et médias. » Le Monde
 
« Une esthétique techno empreinte de psychédélisme. » Beaux Arts magazine
 
« Yayoi Kusama, vieille dame indigne de 72 ans, est une immense artiste. » nova Magazine
 
« A 72 ans, retour explosif de Yayoi Kusama. Cette exposition consacre ses œuvres hallucinées. » Les Inrockuptibles
 
« Kusama a traversé toutes les nébuleuses avant-gardistes, du pop au body art, du surréalisme au psychédélisme… décidément inclassable et fascinante. » aden