Un passeur s’apprête à faire traverser la rivière Sumida à un groupe de voyageurs. Apparaît alors une femme folle de douleur : elle est à la recherche de son fils disparu. Le passeur lui explique que les pèlerins réunis sur l’autre rive prient pour le repos d’un jeune garçon mort il y a tout juste un an. La mère se trouve en fait devant la tombe de son propre fils. Au cours de sa prière, elle croit entrevoir le spectre de l’enfant, mais l’ombre disparaît en même temps que l’aube apparaît. La mère n’a-t-elle pas vu vraiment son enfant ?
Pour cet opéra, Susumu Yoshida s’est inspiré d’une pièce de Nô écrite au XVe siècle par Motomasa Kanze, fils de Zeami. Il a gardé du nô d’origine l’économie instrumentale, le dépouillement vocal, la force poétique, la tragédie intime. Le compositeur anglais Benjamin Britten en avait déjà tiré un opéra en 1964, Curlew River, dans lequel il avait christianisé l’histoire. Mais dans son adaptation du texte original, Yoshida tenait à faire comprendre le côté bouddhique et chamaniste de la pièce. En réduisant son orchestre à quatre percussionnistes, en se limitant à deux chanteurs, il rejoint l’univers intense et minimaliste du Nô d’origine.
 
"Comme le dit Yoshida, en citant son maître Messiaen : « La musique existe pour consoler les gens. » La sienne semble nous conduire sur des rives inexplorées… " Opéra Magazine, novembre 2007
"Timbres, couleurs, nuances, dynamique sont exploités avec une économie de moyens fascinante. Les voix sont la plupart du temps à nu, ce qui renforce la tension recherchée." Les Echos, novembre 2007