Exposition organisée dans le cadre du 10e anniversaire de la Maison de la culture du Japon à Paris et du 120e anniversaire de la fondation de l’Université nationale des Beaux-Arts et de la musique de Tôkyô.

Durant l’ère Meiji (1868-1912), le Japon se modernise, s’occidentalise. Les artistes commencent à se familiariser avec des techniques nouvelles pour eux, notamment la peinture à l’huile. S’éloignant de la tradition picturale de l’archipel, ces « peintres de style occidental » se rendent dès lors de plus en plus nombreux en Europe, surtout à Paris, pour y étudier avec frénésie. Ils joueront un rôle crucial dans la modernisation de l’art japonais. Cette exposition survole un demi-siècle de peinture de style occidental (yôga) au Japon. Plus de 50 tableaux sont présentés, chefs-d’œuvre d’une dizaine d’artistes ayant séjourné à Paris. Une occasion rare de découvrir ces peintres qui jouissent d’une immense notoriété au Japon mais qui restent encore inconnus en France, à l’exception de Foujita.

L’exposition se compose de quatre sections :

La rencontre de Raphaël Collin et de Seiki Kuroda

Lors de son premier séjour en France de 1884 à 1893, Seiki Kuroda étudie la peinture à l’huile auprès du peintre académique Raphaël Collin. Cette rencontre est décisive pour le développement de la peinture yôga au Japon. Exposées côte à côte, les œuvres des deux artistes soulignent l’influence considérable du peintre français sur Kuroda. A son retour au Japon, Kuroda prend la tête du département de peinture occidentale de l’Ecole des Beaux-Arts de Tôkyô. Il permet ainsi de faire connaître non seulement les techniques picturales de l’académisme occidental, mais aussi le style lumineux du naturalisme représenté par les impressionnistes.

Des peintres japonais à l’Exposition universelle de Paris de 1900

Il y a un peu plus d’un siècle, Seiki Kuroda, Chû Asai, Eisaku Wada, Takeji Fujishima sont déjà exposés à Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. L’exposition est un choc pour ces artistes japonais. Certains d’entre eux saisissent cette opportunité pour s’installer en France et y créer. Des changements surviennent alors progressivement dans leurs styles : Kuroda se tourne vers l’impressionnisme ; son élève Wada peaufine son style académique ; Fujishima revendique un sens esthétique oriental ; Asai quant à lui, s’éloigne de la peinture à l’huile et se dirige vers les arts décoratifs.

Yasui et Umehara, deux peintres originaires de Kyôto

Au début du XXe siècle, Sôtarô Yasui et Ryûzaburô Umehara viennent parfaire leur apprentissage de la peinture à Paris. Tous les deux sont de Kyôto, ville très emprunte des traditions ancestrales. Emerveillé par l’œuvre de Renoir, Umehara se lance dans un style aux couleurs éclatantes, en quête d’une originalité audacieuse. Yasui acquiert une grande maîtrise des techniques du dessin, influencé par Pissarro puis par Cézanne. Tous deux donneront naissance à une peinture occidentalisante purement japonaise.

Foujita et les peintres japonais à Paris dans l’entre-deux-guerres

Dès 1918, les Japonais affluent à nouveau en France. Parmi eux, cinq peintres présentés dans cette section sont enthousiasmés par leur séjour dans la capitale, ballottés dans le tourbillon des mouvements avant-gardistes : fauvisme, cubisme, surréalisme... Le plus connu est Tsuguharu (Léonard) Foujita, figure emblématique de l’Ecole de Paris. Vlaminck ayant vivement critiqué sont style académique, Yûzô Saeki s’oriente vers des représentations des bas quartiers de Paris. Hanjirô Sakamoto préfère peindre des paysages dont la grande modernité révèle un style très personnel. Délaissant le style académique, Zenzaburô Kojima s’invente dans les années 20 un style décoratif audacieux, « fusion entre la matière occidentale et l’esprit oriental ».

Tarô Okamoto s’émerveille devant l’œuvre de Picasso, rejoint le groupe Abstraction-Création avant de fréquenter les surréalistes. A leur retour, ils seront tous confrontés à une problématique propre aux peintres japonais : traduire l’identité japonaise dans un style occidental.