Les gravures sur bois au style puissant et sensuel de Munakata Shikô (1903-1975) sont familières à tous les Japonais depuis plus de cinquante ans. Pourtant, elles restent largement méconnues du public français. Cette exposition, la première d’une telle envergure en France consacrée à ce peintre et graveur, est l’occasion de découvrir une figure majeure et attachante de l’art japonais du XXe siècle. 
Le bouddhisme et ses divinités, les femmes aux formes douces et généreuses, les paysages de sa région natale d’Aomori sont des thèmes récurrents dans l’œuvre de Munakata. L’exposition réunit essentiellement des gravures sur bois et des peintures sur paravent de cet artiste qui fut lauréat du Grand prix international de la gravure à la Biennale de Venise en 1956. 
A l’adolescence, Munakata apprend la peinture en autodidacte, fermement décidé à devenir un nouveau Van Gogh. En 1936, ses gravures sur bois subjuguent les principaux membres du mouvement mingei, à commencer par son fondateur le penseur Sôetsu Yanagi et le potier Kanjirô Kawai. Leurs encouragements sont décisifs. Munakata rejoint aussitôt ce jeune mais influent mouvement artistique qui s’intéresse à l’artisanat et aux arts populaires. La gravure est alors son moyen d’expression privilégié. Enchaînant les expositions, sa renommée est établie dans tout l’archipel dès la fin des années 1940. Son style si singulier, mélange de simplicité, de sérénité, d’évidence du geste, s’affirme durant l’après-guerre. Le bouddhisme et ses divinités, les femmes aux formes douces et généreuses, les paysages de sa région natale d’Aomori sont des thèmes récurrents dans son œuvre. S’il est de nos jours tombé dans l’oubli en Europe, Munakata a cependant été lauréat de prestigieuses compétitions internationales : Premier prix à l’Exposition internationale de gravure de Lugano (1952), Grand prix international de la gravure à la Biennale de Venise (1956)...
Plusieurs musées ont contribué à faire connaître le talent de cet artiste résolument original. Fondé en 1930 dans le département d’Okayama, entre Kyôto et Hiroshima, le Musée Ôhara fut le premier musée du Japon à présenter des œuvres d’art occidentales. Il fut aussi le premier, dès 1963, à réserver une salle spécialement consacrée aux œuvres de Munakata dans ses collections permanentes. Le fondateur du musée, Magosaburô Ôhara, et son fils Sôichirô ont très tôt soutenu le mouvement mingei. La profonde amitié qui unit en particulier Sôichirô et Munakata explique pourquoi nombre de chefs-d’œuvre du graveur sont aujourd’hui conservés au Musée Ôhara.
Cette exposition présente essentiellement des chefs-d’œuvre de la collection Munakata du Musée Ôhara. Quelques œuvres remarquables du département d’Aomori, région du nord du Japon d’où est originaire Munakata, complètent cet ensemble. Elles illustrent les multiples facettes du talent de l’artiste : gravures sur bois et peintures, œuvres monochromes ou colorées grâce à une technique originale, gravures mêlant texte et image, diversité des sujets traités… Profondément enraciné dans la tradition japonaise, l’œuvre de Shikô Munakata a su s’imposer dans le Japon contemporain grâce à sa singularité et son authenticité.