Un homme et une femme se croisent dans le désert, au milieu de nulle part. La femme raconte qu’elle vient de Pologne et se rend à Jéricho retrouver sa jeune sœur qui, comme elle, a perdu son mari. L’homme semble blessé, peut-être même est-il déjà mort, il a l’apparence d’une momie. Il souffre, elle le soigne distraitement. Elle lui parle de sa vie, dévide ses souvenirs. Et peu à peu dans son esprit, l’homme blessé, au seuil de la mort, devient son mari.
L’histoire peut recommencer…
 
"Jéricho est une œuvre bien particulière dans l’œuvre de Masataka Matsuda. Elle ne se déroule pas, comme souvent, à Nagasaki, sa région natale, mais dans un désert entre Israël et Palestine.
La langue elle-même est très singulière. Je me suis demandé si c’était réellement du japonais. Dans mon travail je tends à réinterroger la distance à l’autre, à l’étranger qui est en nous-même. Je cherche à ce que l’humain, animal étrange, redevienne source d’étonnement. Voilà pourquoi, en partie, j’ai souhaité travailler avec Pierre Carniaux, acteur français, qui entretient une relation particulière avec la langue japonaise. Cette rencontre m’a donné l’occasion d’approfondir d’une manière unique mes choix sur le traitement des mots et des corps. "
Motoï Miura, metteur en scène
 
" Une diction originale qui gomme les nuances significatives et raconte sur le mode de la gamme ; un temps qui accorde plus d’importance au rythme qu’au sentiment et ne se contente pas simplement de donner un sens en transformant les mots en signes mais restructure la signification d’un drame soigneusement lu et compris. (…) A partir d’un couple homme/femme, cette pièce représente d’une manière très vivante la fragilité et la faiblesse de la société humaine en accumulant des images érotiques, de violence, de guerre et de mort."
Yoko Kuki, Nikkei Shinbun, juillet 2003
 
Auteur de pièces de théâtre et metteur en scène né en 1962, Masataka Matsuda est plutôt influencé, à ses débuts, par un certain romantisme inspiré par Jurô Kara, avec des décors, des musiques et des lumières lyriques. Mais peu à peu il se concentre sur le thème de la nostalgie du pays natal et de la famille, utilisant le dialecte de sa région, des lumières plus sobres, de la musique uniquement entre les actes, allant jusqu’à reproduire une maison traditionnelle sur scène. Il reçoit le prix Kishida en 1996 pour Umi to higasa (Mer et ombrelle), le grand prix du théâtre du journal Yomiuri en 1998 pour Tsuki no misaki (Le cap de la lune), le prix de littérature du Yomiuri en 1999 pour Natsu no suna no ue (Sur le sable de l’été).
 
De nombreux metteurs en scène se sont intéressés à ses pièces, dont Oriza Hirata qui a produit avec Seinendan Le cap de la lune et Sur le sable de l’été. Né en 1973, Motoï Miura rejoint en 1996 la troupe Seinendan au sein du théâtre Agora. Il est assistant à la mise en scène de son directeur, Oriza Hirata.
De 1999 à 2001, alors qu’il séjourne en France, il travaille avec Frédéric Fisbach pour la création de Tokyo Notes au Quartz, scène nationale de Brest, puis en tournée avec Bernado Montet et Stanislas Nordey au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis.Depuis 2001, de retour au Japon, il est directeur de Chiten (Lieux), un groupe de la troupe Seinendan installé au théâtre Agora à Tôkyô.
 
 
Jéricho sera programmé au Festival Frictions organisé par le Théâtre Dijon Bourgogne les 23, 24 et 25 mai 2005.