Rencontre entre deux éminents danseurs de Corée et du Japon : Kim Maeja est une pionnière de la danse contemporaine coréenne ; Yoshito Ohno, fils de Kazuo Ohno, légende vivante du butô, et disciple de Tatsumi Hijikata, a travaillé avec ces deux fondateurs de la « danse des ténèbres ». Le duo qu’ils présentent à la MCJP est la première collaboration entre ces deux artistes aux carrières internationales.

 

Kim Maeja > Danseuse, chorégraphe
 
Depuis l’âge de 12 ans, elle étudie les danses de cour, bouddhiques, folkloriques et chamaniques qui constituent les sources des danses coréennes traditionnelles. Talentueuse interprète de ces danses mais aussi instigatrice du mouvement de modernisation de la danse coréenne depuis les années 1960, elle crée une nouvelle forme de danse. Elle enseigne la danse à l’université et travaille à l’amélioration du statut de cet art, à sa plus grande diffusion dans la société. En 1976, elle fonde la Changmu Dance Company. Elle ouvre en 1985 la première salle de spectacle en Corée destinée à la danse, le Post Theatre.
Depuis, chaque année un festival de danse y est organisé. Elle est invitée en 1988 au 1er Festival international de théâtre de Tôkyô et conçoit la même année les chorégraphies de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Séoul. En 1993, elle crée un festival de butô où sont présentés au public coréen Kazuo Ohno et d’autres grands danseurs japonais.
Elle a fait le tour du monde avec sa compagnie et a dansé pour la première fois en France lors de la Biennale de danse de Lyon en 2000. Outre son duo avec Yoshito Ohno, elle présente Chumbon II à la MCJP ; ce solo emprunte aux cérémonies bouddhiques leur aspect rituel, aux danses folkloriques la liberté et l’improvisation, aux danses chamaniques leur mystère. Cette création est une danse entre ciel et terre…
 
 
 
Yoshito Ohno > Danseur, chorégraphe
 
En 1959, il fait ses débuts sur scène avec l'inoubliable Hijikata dans Kinjiki (Les amours interdites), sorte de happening sulfureux inspiré de Yukio Mishima. La même année, il danse avec son père dans Le vieil homme et la mer d'après Hemingway. Ensuite, il participe à plusieurs spectacles avec la troupe Tatsumi Hijikata no Kai, notamment dans Danse couleur rose. Il donne son premier solo en 1969 à Tokyô dans le quartier de Shinjuku où Oshima tourna Le journal du voleur d'après Genet. Cette année-là, il quitte la danse et ne la reprend que dans les années 80, à la demande de son père. En 1985, il danse avec lui dans La mer morte, Nymphéas - un hommage à Claude Monet, Kachôfugetsu, pièces où il excelle dans différents rôles, de la « grande poupée énigmatique » à « la femme masquée ». Depuis, il a donné dans le monde entier de nombreuses performances originales mais toujours dans la continuité du butô. En 1994, il écrit un livre sur ce père déjà mythique, Kazuo Ohno –Tamashî no kate (Nourriture de l’âme). Aujourd'hui âgé de 68 ans, il forme la nouvelle génération de danseurs de butô dans l'Atelier de recherche de Kazuo Ohno. Son apport dans le monde de « la danse des ténèbres » est considérable.