Bunkichi, petit restaurateur de quartier, est veuf et vit avec ses deux filles, Shizue et Tamiko, en âge de se marier. Sur la demande d'un ami, il accepte de prendre chez lui comme pensionnaire un jeune ingénieur et fils de bonne famille muté dans une usine du quartier. Et ce contre l'avis de sa sœur qui craint que la présence du garçon sous le même toit ne perturbe ses deux nièces… Mélodrame familial dont l'intrigue n'est pas sans rappeler celles des films d'Ozu de la dernière période, Les demoiselles d'Izu est la première sortie en salle (le 30 août 1945) de l'après-guerre. Les cinémas qui avaient tous été fermés le 15 août 1945, date de la capitulation du Japon, rouvraient 15 jours plus tard sous le contrôle de la censure américaine.

 

Heinosuke Gosho (1902-1981) est resté dans les mémoires comme le peintre appliqué et infatigable de la vie des petites gens, en quarante années de carrière et une centaine de films. Son attachement, érigé en style, à la réalité populaire et "à la comédie des hommes dans leur vie quotidienne" va en faire le chef de file d'un genre particulier, le shomingeki (films décrivant le quotidien des gens ordinaires), qui disparaîtra dans les années 1960, mettant un terme à sa carrière de cinéaste. Ses films sont le chaînon manquant, dans notre exploration du cinéma japonais, entre les œuvres de Yasujirô Ozu et Mikio Naruse.