La Maison de la culture du Japon à Paris propose au public de découvrir plusieurs facettes encore peu connues de la photographie contemporaine japonaise en présentant quelque 150 œuvres de 8 photographes choisis parmi les plus dynamiques de la nouvelle génération. 
Le titre de cette manifestation et du catalogue qui l'accompagne, Black Out, est issu du vocabulaire du monde du spectacle et rappelle le noir total, ce " noir sec " qui envahit le théâtre à la fin d'un acte ou d'une représentation.

Au XXe siècle - ce fameux siècle de l'image - la mémoire visuelle, à force d'être sollicitée, a fini par atteindre un stade de saturation. Pourquoi dès lors ne pas succomber à la tentation de jouer momentanément les amnésiques ? L'expérience du black-out est destinée à provoquer, chez les photographes comme chez ceux qui regardent leurs œuvres, un oubli passager de tous les souvenirs chaotiques accumulés jusque là, pour qu'ils puissent se confronter, avec l'appui de leur seul regard, aux images qui sont là, devant eux.
 
Les photographes réunis dans cette exposition privilégient la " manière de regarder " plutôt que le " choix du sujet à photographier ", proposant ainsi d'amorcer une réflexion sur la raison d'être de la photographie, en tant que reflet du monde dans le regard de chacun.
Si toutes ces photographies représentent des images du Japon d'aujourd'hui, l'ensemble ne traduit pas un courant nettement défini ; la diversité et le foisonnement de l'expression photographique actuelle rendant illusoire toute tentative de cerner une véritable tendance.
 
Les angoissantes vues de nuit de Tomoki Imai (1974-) mettent crûment en relief l'environnement par le jeu d'un éclairage artificiel ; Haruna Kawanabe (1978-) et ses paysages de ténèbres esquissent ce qu'une aveugle guidée par son seul chien peut percevoir du monde. Alors que la faible intensité de la lumière dans les paysages savamment cadrés de Risa Kayahara (1969-) compose un monde de silence, en demi-teintes, les quais illuminés du métro se révèlent chez Tomoko Isoda (1976-) comme des lignes de fuite vers lesquelles le regard converge et s'accroche. S'il est des points de vue qui ne se présentent qu'une seule fois, tels les rivages pris de la mer par Asako Narahashi (1959-), la spontanéité des photographies d'Erika Yoshino (1970-) fige soudain un individu ou un animal aux mouvements imprévisibles. Les vues de Kôji Onaka (1960-) semblent être perçues par l'œil du voyageur ou du vagabond qui passe ; les images d'Hokkaidô par Keiji Tsuyuguchi (1950-) lient cette île à ses premiers habitants.
 
Ces éléments variés motivent l'œuvre de ces 8 photographes que rien ne semble unir si ce n'est leur rôle d'artistes qui donnent tous à voir une perception inédite du quotidien.
 
Photographes exposés : Tomoki Imai, Tomoko Isoda, Risa Kayahara, Haruna Kawanabe, Asako Narahashi, Kôji Onaka, Kenji Tsuyuguchi et Erika Yoshino.