Célèbre pour le raffinement extrême de son art de cour, le Japon impérial de l’époque de Heian (794-1185) a notamment donné naissance à une œuvre majeure de la littérature classique japonaise, le Dit du Genji. Écrit au 11e siècle par une femme, la poétesse Murasaki Shikibu, il a généré depuis mille ans une iconographie extrêmement riche, influençant jusqu’aux mangaka contemporains.
Cette exposition événement invite les visiteurs à se plonger dans le Japon ancien, à la découverte de l’époque Heian (794-1185) et de son art de cour. Cette période de liberté pour les femmes, à la production artistique particulièrement riche, voit notamment l’émergence d’une littérature féminine unique dans l’histoire du Japon. Celles-ci s’emparent des poèmes de style waka qu’elles rédigent à l’aide d’un système d’écriture cursive dérivé du chinois et adapté à la langue japonaise d’alors. Affranchies du modèle chinois, elles vont produire des œuvres mêlant waka et prose, sous forme de journaux ou d’histoires racontées.
Texte le plus célèbre écrit au 11e siècle par la poétesse Murasaki Shikibu, le Dit du Genji (Genji monogatari) est aujourd’hui considéré comme l’œuvre la plus emblématique de la littérature classique du Japon. À travers une évocation subtile de tous les raffinements de la cour impériale, le Dit du Genji ouvre la voie à une exceptionnelle créativité picturale et suscite une iconographie extrêmement riche à découvrir dans l’exposition et provenant du musée Guimet et de plusieurs collections françaises et japonaises : estampes, tissus, kimonos, sculptures, peintures et objets précieux, dont les boîtes en laque d’une illustre collectionneuse, Marie-Antoinette.
Roman fondateur pour la culture japonaise, le Dit du Genji continue d’inspirer des expression artistiques contemporaines, comme les mangas, qui en réinterprètent les codes et les thèmes. Le plus célèbre est sans doute Asaki yume mishi de Waki Yamato (né en 1948). La récente édition de Sean Michael Wilson (2022), illustrée par Inko Ai Takita sera présentée dans l’exposition.
La seconde partie de l’exposition est consacrée à Itarô Yamaguchi (1901-2007), maître tisserand du quartier de Nishijin à Kyoto, et auteur de quatre formidables rouleaux illustrant le Dit du Genji, représentant l’aboutissement d’une vie consacrée au tissage. Réalisés d’après des rouleaux peints de l’époque Heian, et par hybridation avec la haute technicité occidentale de la mécanique Jacquard et son avatar numérique, les quatre exceptionnels rouleaux sont montrés pour la première fois ensemble et déroulés dans leur intégralité. Ils sont présentés avec des objets du quotidien, dessins préparatoires et œuvres tissées par le maître.
Cette exposition est organisée en partenariat avec la Fondation franco-japonaise Sasakawa, qui avec cet événement célèbre trente années d’actions pour le développement des relations culturelles et d’amitié entre la France et le Japon. La fondation est reconnue d’utilité publique.
Commissariat : Aurélie Samuel, conservatrice du patrimoine
Images :
Boîte en laque, Japon, 18e siècle, ancienne collection de Marie-Antoinette, MR380-72
© RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Rouleau tissé du Dit du Genji, Itarô Yamaguchi (1902-2007), MA12236 (détail)
© RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier