Carlotta Ikeda, figure majeure du butô, nous a quittés en 2014. L’année suivante, la MCJP lui rendait hommage avec UTT de Ko Murobushi. Dix ans après sa disparition, nous présentons une conférence dansée dans le cadre du temps fort que lui consacre le festival Faits d’hiver.  


Carlotta Ikeda est l’une des rares chorégraphes femmes dans le monde du butô. Si la critique a souvent repris le leitmotiv de l’érotisme et de l’exotisme pour qualifier son travail, la danse d’Ikeda dépasse largement ces stéréotypes de genre. Végétale, minérale, animale, elle est une virtuose des métamorphoses. Dans cette conférence dansée, la chercheuse et chorégraphe Maëva Lamolière noue un dialogue hybride et fantasmé, intime, avec elle. Nourrie par dix ans de recherches dans ses écrits et ses archives vidéo, elle se laisse traverser par les gestes et empreintes de Carlotta Ikeda et propose un regard singulier sur l'œuvre de la chorégraphe.


« Carlotta Ikeda (de son vrai nom Ikeda Sanae) est une danseuse et chorégraphe japonaise de danse butô. Née en 1941, elle fait des études pour devenir professeure de gymnastique. C’est dans ce cadre scolaire qu’elle rencontre la danse et décide de poursuivre dans cette voie. Diplômée de l’université d’éducation physique féminine japonaise (Nihon Jyoshi Taiiku Daigaku) en 1963, Ikeda est dans un premier temps danseuse moderne au sein de la Michiko Yano Modern Dance Company. Spectatrice de danse assidue, elle rencontre la compagnie du Dairakudakan dirigée par Maro Akaji au début des années 1970 et se forme auprès de lui à la danse butô. Très vite, Maro Akaji l’incite à prendre la tête d’une compagnie composée uniquement de danseuses. C’est ainsi que la compagnie Ariadone voit le jour en 1974. Tout au long de sa carrière Ikeda travaille en étroite collaboration avec la compagnie du Dairakudakan et certains de ses membres. Ainsi, ce sont les danseurs du Dairakudakan qui créent la première pièce signée Ariadone, Mesukazan, en 1975. Murobushi Kô (1947-2015), également danseur au sein du Dairakudakan fonde la compagnie Sebi en 1976 et diffuse son travail en France et dans de nombreux pays. Il signe également de nombreuses pièces pour Ikeda dont UTT, célèbre solo créé en 1981 au Japon, diffusé en France et en Europe en 1984 et transmis à Ishiwata Maï en 2014, juste avant le décès de la chorégraphe. Maro Akaji est quant à lui de nouveau invité par Ikeda à Paris en 1987 pour la création du solo Chiisako.

Carlotta Ikeda Murobushi Kô et Yoshioka Yumiko arrivent en France en novembre 1977 pour un contrat de plusieurs mois dans un music-hall parisien, le Jardin des Champs-Elysées. Cette tentative est un échec mais les trois danseur·se·s rencontrent un succès critique et médiatique en janvier 1978 sur la scène du Nouveau Carré Silvia Montfort de Paris avec la pièce Le dernier Éden, porte de l’au-delà. À partir de ce moment-là, la compagnie Ariadone fait des allers et retours entre la France et le Japon et Ikeda s’implante définitivement à Bordeaux en 1997. Elle y reste jusqu’à son décès le 24 septembre 2014.

Carlotta Ikeda fait alors partie du paysage chorégraphique français et contribue à faire connaître la danse butô en France et en Europe grâce à la diffusion de ses pièces mais aussi grâce aux stages et ateliers qu’elle donne régulièrement.

Les archives de Carlotta Ikeda et de la compagnie Ariadone sont déposées au Centre national de la danse de Pantin et sont constituées de 27 cahiers de notes, de photographies, d’affiches de spectacles, de vidéos et d’archives administratives. »    Maeva Lamolière




En partenariat avec l’OARA et le CN D, le festival Faits d’hiver rend hommage à Carlotta Ikeda à travers deux spectacles, une exposition et la publication d'un ouvrage sur Utt, coédité par micadanses-Paris et les Nouvelles éditions Scala.





Distribution:

Conception, chorégraphie et interprétation : Maëva Lamolière
Regards extérieurs : Marcelo Evelin, danseur et chorégraphe, Arthur Arbez, comédien et réalisateur
Montage et régie vidéo : Arthur Arbez
Création musicale :  Félix Garotte
Fonds d'archives Carlotta Ikeda : Centre national de la danse
Production : Collectif Tranx





Dans le cadre du festival Faits d’hiver / www.faitsdhiver.com
Photo © Jean Gros Abadie