1895 : en France, c’est l’année officielle de la naissance du cinéma; en Asie, celle du début de la colonisation de Taïwan (Formose) par le Japon après que la Chine lui eut cédé l’île par le traité Shimonoseki. Depuis ses origines à Taïwan, le cinéma ne peut se détacher de l’influence nippone. Il est tout d’abord un moyen pour le gouvernement colonial de faire la promotion de ses succès en montrant l’île comme une colonie modèle aux enjeux stratégiques vitaux.

Après 1945, le gouvernement nationaliste chinois qui prend le pouvoir à Taïwan, tente d’effacer l’influence japonaise notamment en interdisant régulièrement les films et en imposant le mandarin comme langue nationale. Mais la production cinématographique locale en langue taiwanaise cultive la nostalgie – si ce n’est de la période coloniale – de la culture populaire japonaise.

Après la levée de la Loi martiale en 1987, le cinéma tentera de réévaluer ces cinquante ans de colonisation: une période de modernisation et d’accès à la culture occidentale ou une période de violence et d’exploitation.

Ces dernières années, le Japon et la période coloniale deviennent des sujets à controverse dans des films tels que Les guerriers de l’arc-en-ciel: Seediq Bale ou KANO qui décentrent l’histoire de Taïwan, jusque-là sous influence de son voisin chinois, pour mettre en avant la prégnance culturelle du Japon.

Films présentés par Wafa Ghermani, docteure en études cinématographiques, spécialiste du cinéma taïwanais. 
Elle a participé à Hou Hsiao-Hsien, ouvrage collectif édité en 2015 par la Cinémathèque Royale de Belgique.