À l’occasion du 30e anniversaire de la sortie de Love Letter (1995), une des plus grandes réussites du cinéma indépendant mêlant littérature, pop-culture et shojo manga, la MCJP propose pour la première fois en France une rétrospective de Shunji Iwai. Cinéaste majeur au Japon, personnalité culte en Amérique du Nord et en Asie, son œuvre, singulière et profondément imprégnée de son histoire personnelle, n’a été que trop timidement présentée en France, par rapport à celles de ses contemporains Hirokazu Kore-eda, Shinji Aoyama ou Shinya Tsukamoto, pour que l’on puisse se faire une idée juste de son identité esthétique et de sa vision du monde. 

Né en 1963 à Sendai, Iwai rêvait de devenir écrivain ou mangaka tout en faisant ses premières armes à la télévision, passage devenu obligé pour les cinéastes en herbe depuis la mort industrielle du studio system traditionnel. Il s’y forme au montage et à l’écriture en réalisant des clips vidéo et publicitaires, puis des téléfilms dont le succès aux heures de grande écoute est tel qu’Iwai les remontera pour les sortir au cinéma. 

C’est le cas de Fireworks (1993) qui est même couronné par le prestigieux Prix des nouveaux réalisateurs de la Directors Guild of Japan, la voie royale vers le septième art. En 30 ans de carrière, de Love Letter à Kyrie’s song (2023), Iwai a filmé les tourments de l’adolescence, la solitude postmoderne, la marginalité, l’hybridité comme identité, la condition féminine, la disparition de l’être aimé dans un accident, une catastrophe naturelle (11 mars 2011)…, avec le souci constant de suivre pas à pas le cheminement spirituel de ses personnages en quête de reconstruction avec un étonnant optimisme et une foi inébranlable dans la jeunesse, sans doute la recette de son succès. 

Programme des projections bientôt sur cette page