"Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu’il faut"Cicéron

Paris en ce printemps célèbre les jardins au Grand Palais avec Jardins, exposition riche de peintures, sculptures, photographies et installations, à laquelle fait écho le cycle Incroyables jardins des bibliothèques de Paris.

La civilisation japonaise accorde une place majeure à l'art des jardins, où se lisent des idéaux éthiques, religieux et esthétiques, que ces lieux soient d'agrément, de méditation, de contemplation ou de promenade. Nombre de ces jardins sont répertoriés comme "site au paysage exceptionnel" selon la loi de Protection des biens culturels, certains figurant même au patrimoine mondial de l'Humanité.

Pendant longtemps, cet art complexe s’est transmis par initiation de maître à disciple, bien que des manuels aient fait leur apparition dès l’an mil. Puisant à différentes sources, depuis le shintoïsme, le taoïsme, le bouddhisme, la géomancie et les jardins chinois, en passant, plus tardivement, par l’école bouddhique zen et l’esthétique propre à la cérémonie du thé, les jardins japonais se déclinent en différents modèles au fil des siècles.

Notre Lettre de la bibliothèque saura vous offrir quelques repères pour une plaisante et rafraîchissante découverte au fil de notre sélection de documents.

 © Musée Albert-Kahn

« Si vous voulez évoquer un paysage de mer, il faut d'abord exprimer les vagues qui frappent le rivage. Les arrangements de pierres devront être vigoureux. Les compositions irrégulières, désordonnées, brutales doivent suggérer les chocs de l'eau non seulement sur la côte, mais en haute mer. Exprimez les fortes vagues, quelques récifs, des péninsules. […]

Pour exprimer un « paysage de marais » on dresse rarement des pierres et à quelques endroits seulement. Mais vous pouvez mettre des plantes aquatiques telles que roseaux, zizanies à larges feuilles, acores, iris. Au lieu de créer une île, il est préférable d'exprimer l'étendue de l'eau. Parce que l'eau est calme, on ne doit voir ni son entrée, ni sa sortie. Il est important de donner l'impression que l'eau déborde. 

Dans le style « écriture roseaux », les rives qui expriment les montagnes ne sont pas très hautes, seulement quelques vallonnements, et les pierres ne sont placées que pour déterminer la fin du paysage. Les pierres elles-mêmes ont un aspect très doux, elles sont plates et sont disposées selon l'idéogramme hina 品. On plantera près des pierres des bambous nains, de la laîche. Les arbres sont sveltes, gracieux, comme les saules. »

(Vieillard-Baron, Michel, De la création des jardins : Traduction du Sakutei-ki. Tokyo : Maison franco-japonaise, 1997)