A l'occasion de l'exposition Kunihiko Moriguchi – Vers un ordre caché (du 16/11 au 17/12/2016), qui réunit pour la première fois en France un ensemble exceptionnel de kimonos, de peintures et créations dans les domaines du design et des arts appliqués, la bibliothèque vous invite à poursuivre plus avant votre découverte de l'œuvre de cet artiste.

 

La technique de teinture sur tissu yûzen est née dans le courant du 17e siècle, quand les fabricants de kimono commencèrent à créer des kosode (kimono à manches courtes), ornés de motifs inspirés du très populaire peintre et fabriquant d’éventail, Miyazaki Yûzen. Elle permit l’agencement de motifs colorés ainsi que la superposition de couleurs et connut rapidement un vif succès à Kyôto. Les étapes jusqu’à la réalisation complète de la teinture du kimono sont complexes et se sont diversifiées au fil du temps. En voici les principes de base : le dessin est  d’abord tracé sur le kimono avec une teinture lavable. Le kimono est ensuite décousu et les bandes de tissu sont étirées sur des baguettes de bambou.
Puis on applique un filet de pâte de riz sur les contours du dessin et on colore l’intérieur des motifs avec une petite brosse. Les parties colorées sont ensuite recouvertes de pâte de riz pour les protéger de la couleur de fond. La pâte de riz est également appliquée sur les parties qui doivent rester blanches. Le tissu est ensuite passé à la vapeur à 100° C pour fixer les teintures, puis on enlève la pâte de riz à la brosse après l’avoir ramollie dans un bac d’eau.
Cette technique de haute précision exige beaucoup de patience et de dextérité.
 
Moriguchi Kunihiko a appris ce savoir-faire auprès de son père, Moriguchi Kakô. Après des études à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris, il s’est fait connaître à l’âge de 28 ans avec un kimono nommé senka dont le design se compose d’hexagones reliés entre eux par des zigzags. L’augmentation de l’épaisseur du trait crée un léger effet d’optique, idée originale qu’il développera dans ses œuvres à venir. Son style se caractérise par des motifs géométriques déployés en un mouvement dynamique avec l’apport d’un effet moucheté produit par le saupoudrage de pâte de riz (maki nori). Cette manière innovatrice d’aborder le kimono ne perd pas de vue sa finalité : loin d’être une toile, celui-ci se plie, s’ajuste et se sculpte autour du corps pour le mettre en valeur et en souligner la sensualité.

Bien que ses dessins diffèrent des motifs traditionnels de faune et de flore, Moriguchi Kunihiko trouve son inspiration dans la nature, et compare son travail à un jardin bien entretenu. Le rythme et l’ordre y sont essentiels, et c’est à travers un rythme tranquille de vie quotidienne qu’il trouve l’équilibre de son art.