Yasunari Kawabata et le cinéma
Entre 1926 et 2008, 26 des romans de Yasunari Kawabata ont fait l’objet de 41 adaptations. Outre les multiples versions de La Danseuse d’Izu, on compte plusieurs films tournés par Mikio Naruse, dont le goût pour la subtilité et un certain pathos rencontrait sans doute dans les romans de Kawabata une correspondance idéale. Adapté par Naruse, Le Grondement de la montagne (Studios Toho, 1954) est une œuvre particulièrement aboutie. On peut noter par ailleurs que Pays de neige a suscité deux belles versions cinématographiques, celle de Shiro Toyoda (Studios Toho, 1957) et celle de Hideo Oba (Studios Shochiku, 1965), avec respectivement Keiko Kishi et Shima Iwashita dans le rôle principal.
Kawabata lui-même s’est très tôt intéressé au septième art, en écrivant le scénario du film Une Page folle, tourné par Teinosuke Kinugasa (muet, 1926), dans le cadre des expérimentations menées par « le Mouvement des Nouvelles sensations » ; et son œuvre tout entière est marquée par des représentations visuelles qui alternent images fixes et mobiles, effets de miroir et de superposition, fondus enchaînés, infinis ralentis suivis d’accélérations subites. En bref, l’œuvre écrite de Kawabata peut aussi être lue comme l’appropriation par l’écriture littéraire des nouvelles techniques cinématographiques, ouvrant toujours davantage l’expression de la fiction. Le cinéma ne se contente pas de prolonger les effets de la littérature : en retour, la littérature intègre les innovations propres aux images du cinéma. Le cas de Kawabata illustre parfaitement cette interaction au cœur de la modernité culturelle, au Japon comme ailleurs.
Les films
Monsieur Merci
有りがたうさん (arigato-san)
1936 / N&B / 76’ / Copie 35mm / Réalisation : Hiroshi Shimizu / Avec Ken Uehara et Michiko Kuwano
Un autobus traverse la péninsule d’Izu. Son conducteur a le surnom de « Monsieur Merci », car il ne cesse de dire « Merci ! » aux gens et aux véhicules qu’il croise. Il transporte beaucoup de passagers aux destins tourmentés.
11 octobre 16h30 et 21 octobre 17h30
La danseuse d’Izu
伊豆の踊子 (izu no odoriko)
1954 / N&B / 87’ / Copie 16 mm / Réalisation : Yoshitaro Nomura / Avec Hibari Misora et Akira Ishihama
Kawasaki, étudiant prometteur, voyage à l’aventure dans la province d’Izu. En cours de route, il rencontre une troupe d’artistes ambulants. Il est tout de suite attiré par Kaoru, la plus jeune de la troupe. En faisant chemin ensemble, Kawasaki se familiarise avec eux et promet à Kaoru de l’amener au cinéma quand ils seront arrivés à Shimoda.
18 octobre 16h30 et 24 octobre 14h00
Le grondement de la montagne
山の音 (yama no oto)
1954 / N&B / 95’ / Copie 35mm / Réalisation : Mikio Naruse / Avec Setsuko Hara, Ken Uehara, Yamamura So, Teruko Nagaoka, Yoko Sugi
A Kamakura, au sud de Tokyo, un vieux couple assiste, impuissant, aux crises conjugales auxquelles sont confrontés ses enfants. Le père éprouve une tendre affection pour sa belle-fille délaissée par son mari qui lui rappelle un amour malheureux d’antan.
4 octobre 14h00 et 23 octobre 19h30
Pays de neige*
雪国 (yukiguni)
1957 / N&B / 120’ / Copie 35mm / Réalisation : Shiro Toyoda / Scénario : Toshio Yazumi / Avec Ryo Ikebe, Keiko Kishi, Kaoru Yachigusa, Daisuke Kato, Hisaya Morishige
Un train franchit un long tunnel et arrive dans une gare bloquée par la neige. Shimamura, un dandy oisif, allait retrouver Komako qu’il avait rencontrée l’année précédente dans une station thermale. Komako est devenue geisha afin d’aider sa mère adoptive et de payer les frais médicaux de son fils mourant.
17 octobre 19h30 et 25 octobre 18h00
Kyôto
古都 (koto)
1963 / Couleur / 106’ / Copie 35mm / Réalisation : Noboru Nakamura / Avec Shima Iwashita, Seiji Miyaguchi, Yoshiko Nakamura, Hiroyuki Nagato, Teruo Yoshida
Chieko est élevée comme fille unique chez un riche grossiste en kimonos à Kyoto. Un jour, elle découvre ses véritables origines : enfant abandonnée, elle a été séparée de sa sœur jumelle, Naeko, qui habite dans « les montagnes aux cyprès », au nord de la ville.
4 octobre 16h30 et 22 octobre 19h30
La danseuse d’Izu
伊豆の踊子 (izu no odoriko)
1963 / Couleur / 87’ / Copie 35mm / Réalisation : Katsumi Nishikawa / Avec Sayuri Yoshinaga, Hideki Takahashi, Jukichi Uno
Dans cette version à la photographie étincelante, l’actrice vedette des studios Nikkatsu, Sayuri Yoshinaga, incarne la danseuse de Kawabata avec une touche saisissante de nostalgie.
11 octobre 19h00 et 21 octobre 19h30
Tristesse et beauté
美しさと哀しみと (utsukushisa to kanashimi to)
1965 / Couleur / 104’ / Copie 35mm / Réalisation : Masahiro Shinoda / Avec Mariko Kaga, Kaoru Yachigusa, Kei Yamamoto, Misako Watanabe, Haruko Sugimura, So Yamamura
Oki, un écrivain, a autrefois rendu enceinte une jeune fille, Otoko, alors qu’il avait une femme et un enfant. Le bébé est mort et Otoko a tenté un suicide avant d’être envoyée dans un hôpital psychiatrique. 20 ans plus tard, Oki se rend à Kyoto où habite Otoko, devenue depuis une artiste-peintre de renom. Quand Keiko, la disciple d’Otoko, apprend le passé sombre de cette dernière, elle entreprend de détruire la famille Oki pour venger sa maîtresse qui est aussi son amante.
4 octobre 19h00 et 22 octobre 17h00
Le lac des femmes
女のみづうみ (onna no mizuumi)
1966 / N&B / 98’ / Copie 35mm / Réalisation : Kiju Yoshida / Avec Mariko Okada, Keisuke Ashida, Shigeru Tsuguyoshi
Miyako entretient une relation adultère avec le jeune Kitano. Un jour, celui-ci demande à la photographier nue. Elle accepte, mais les négatifs lui sont dérobés. Soumise au chantage d’un inconnu, Miyako n’a alors d’autre choix pour les récupérer que d’obtempérer…
16 octobre 17h00 et 18 octobre 14h00
Les belles endormies
眠れる美女 (nemureru bijo)
1968 / Couleur / 96’/ Copie 35mm / Réalisation : Kozaburo Yoshimura / Avec Takahiro Tamura, Yoshiko Kayama, Taiji Tonoyama, Sanae Nakahara
Un vieil écrivain, Eguchi, se rend dans la « Maison des belles endormies », invité par un ami. Là, il y a des jeunes filles nues profondément endormies, qui ne se réveillent jamais. Les vieillards passent une nuit à côté d’elles et repartent le lendemain matin.
18 octobre 19h00 et 24 octobre 19h30
Nuée d’oiseaux blancs
千羽鶴 (senbazuru)
1969 / Couleur / 96’ / Copie 16mm / Réalisation : Yasuzo Masumura / Avec Mikijiro Hira, Ayako Wakao, Eiko Azusa, Machiko Kyo, Yoko Namikawa, Eiji Funakoshi
Kikuji est invité à une cérémonie de thé, organisée par la maîtresse de son père défunt à Kamakura. Parmi les participants, il y a aussi une autre maîtresse, Madame Ota, et sa fille Fumiko. Madame Ota, bien-aimée de son père, se trouble face à Kikuji qui ressemble à ce dernier. Lui aussi est peu à peu fasciné par cette veuve.
11 octobre 14h00 et 17 octobre 17h00
Des jours et des mois
日も月も (himo tsukimo)
1969 / Couleur / 83’ / Copie 35mm / Réalisation : Noboru Nakamura / Avec : Shima Iwashita, Jin Nakayama, Koji Ishizaka, Masayuki Mori, Yoshiko Kuga
La quête d’amour de la jeune Matsuko malgré ses malheurs, à commencer par la trahison de son petit ami, sa mère qui abandonne tout pour son amant et la mort de son père inattendue.
16 octobre 19h30 et 23 octobre 17h30
Calendrier des projections
Samedi 4 octobre
14h Le grondement de la montagne (1954)
16h30 Kyôto (1963)
19h Tristesse et beauté (1965)
Samedi 11 octobre
14h Nuée d’oiseaux blancs (1969)
16h30 Monsieur Merci (1936)
19h La danseuse d’Izu (1963)
Jeudi 16 octobre
17h Le lac des femmes (1966)
19h30 Des jours et des mois (1969)
Vendredi 17 octobre
17h Nuées d’oiseaux blancs
19h30 Pays de neige (1957)
Samedi 18 octobre
14h Le lac des femmes
16h30 La danseuse d’Izu (1954)
19h Les belles endormies (1968)
Mardi 21 octobre
17h30 Monsieur Merci
19h30 La danseuse d’Izu (1963)
Mercredi 22 octobre
17h Tristesse et beauté
19h30 Kyôto
Jeudi 23 octobre
17h30 Des jours et des mois
19h30 Le grondement de la montagne
Vendredi 24 octobre
14h La danseuse d’Izu (1954)
19h30 Les belles endormies
Samedi 25 octobre
14h Table ronde
18h Pays de neige
Table ronde
Samedi 25 octobre de 14h à 18h
Petite salle (rez-de-chaussée)
Entrée libre (dans la limite des places disponibles)
En japonais avec traduction simultanée en français
Quelques exemples célèbres d’adaptation au cinéma de l’oeuvre de Kawabata
Table ronde avec des spécialistes japonais de l’oeuvre de Kawabata, suivie de la projection de Pays de neige de Shiro Toyoda.