La plateforme de la Cinémathèque française

Pour la première quinzaine de décembre et avant une trêve de Noël, HENRI propose Japan Fringe, focus sur le cinéma indépendant japonais post-Fukushima, avec la complicité de la critique et journaliste Nanako Tsukidate (ex-membre du Comité de sélection pour la Semaine de la Critique de 2019 à 2021 et à la Mostra pour les Venice days depuis 2021).
Depuis les années 2010, plusieurs jeunes cinéastes japonais ont commencé à émerger sur la scène internationale. Mais leurs créations radicales et originales ne sont visibles que dans les festivals internationaux - Locarno, Rotterdam ou FIDMarseille - sans trouver pour autant de distributeurs, hormis quelques exceptions, comme Ryusuke Hamaguchi.
Japan Fringe se propose de rassembler des œuvres personnelles, produites indépendamment, qui ont pour dénominateur commun d’être tournées après le 11 mars 2011, date du grand tsunami et de la catastrophe de Fukushima. Les genres et formats sont divers : fiction, documentaire, docu-fiction ou expérimental, les cinéastes partagent consciemment ou inconsciemment, directement ou indirectement, la sensation d'absence, de perte et d'inquiétude face au monde de l’après dans lequel ils doivent vivre. Japan Fringe permet de renouer avec une histoire renouvelée du cinéma japonais encore trop peu abordée à l'étranger.


Touching the Skin of Eeriness
不気味なものの肌に触れる de Ryusuke Hamaguchi
Japon / 2013 / 55 minutes / fiction

Mercredi 1 décembre sur Henri – En ligne 2 mois.

Chihiro est pris en charge par son demi-frère, Tôgo, depuis la mort de son père. Tôgo et sa petite amie Satomi l'ont accueilli chez eux, mais Chihiro n’arrive pas à réprimer son sentiment de solitude et s'adonne à la danse moderne qu'il pratique avec un camarade de classe, Naoya. Tandis qu'il est absorbé par sa pratique artistique, des événements étranges se déroulent dans la ville où plane une menace invisible.

« Touching the Skin of Eeriness est un des films les plus intrigants de la filmographie de Hamaguchi et celui qui se rapproche le plus du film de genre. » Nanako Tsukidate


Domains
王国(あるいはその家について de Natsuka Kusano
Japon / 2019 / 159 minutes / fiction

Vendredi 3 décembre sur Henri – En ligne 2 mois – INÉDIT.

Aki est au poste de police, on l’interroge, elle a tué la petite fille de son amie d’enfance. Comment en est-elle arrivée là ?

« Dans un univers flottant entre documentaire et fiction sans hiérarchie, la mise en scène de Natsuka Kusano montre le processus fragmenté de l’incarnation d’un rôle par son acteur. Nous devenons ainsi les témoins des moments où la fiction se crée par leur corps. ». Nanako Tsukidate

Out There
アウトゼア de Takehiro Ito
Japon /2016 / 125 minutes / docu-fiction

Mercredi 8 décembre sur Henri - En ligne 2 mois.

Haruo, un réalisateur, fait passer des auditions pour un film déjà partiellement tourné à Taïwan. Il rencontre ainsi Ma, jeune skater taiwanais aussi désorienté que lui.

« Ancien étudiant de Kiyoshi Kurosawa, Takehiro Ito avait le projet de réaliser un documentaire sur le cinéaste taiwanais Edward Yang. De Tokyo à Taïwan, de la réalité au rêve, des vivants aux fantômes et du passé au futur, du 16mm au numérique. On se perd dans la structure multiple de ce film : documentaire, fiction ou film dans le film. Les frontières se brouillent, seule reste la sensation d’un ici et d’un maintenant. » Nanako Tsukidate

A Song I Remember
ひとつの歌 de Kyoshi Sugita
Japon / 2011 / 98 minutes / fiction

Vendredi 10 décembre sur Henri – En ligne 2 mois – INÉDIT.

Takeshi est jardinier et aime prendre en photo les gens qu’il croise. Un jour il photographie une femme juste avant qu’elle ne tombe sur les rails. Est-ce un meurtre ou un suicide ? Takeshi se rapproche de la fille de la victime. Haruhara san's recorder, le nouveau long métrage de Kiyoshi Sugita, après avoir remporté trois prix au Festival FidMarseille (grand prix, prix de l'interprétation et celui du public) est sélectionné en compétition au Festival Entrevues à Belfort 2021.

« Dans cette œuvre, Kyoshi Sugita fait le choix de ne dramatiser aucun des moments qui auraient dû être spectaculaires. Sa caméra regarde les personnages de loin et capture le temps qui passe avec eux sans explication. Sugita laisse au spectateur la liberté de construire sa propre histoire. » Nanako Tsukidate

Ow
丸 de Yohei Suzuki
Japon / 2014 / 90 minutes / fiction

Mercredi 15 décembre sur Henri – En ligne 2 mois – INÉDIT.

Tetsuo Suzuki, chômeur, vit chez ses parents. Il préfère passer des moments au lit avec sa petite amie plutôt que de chercher du travail. Un jour, qu’ils sont ensemble, une mystérieuse boule noire fait son apparition dans la pièce et fige sur place tous ceux qui la regardent.

« Le titre japonais "Maru" signifie “zéro” qui rappelle le cercle rouge du drapeau japonais. Les personnages, dans un état catatonique, sont assimilés à la population, privée de parole, et le gouvernement japonais, qui se fige complètement devant le désastre. Le cinéma de Suzuki questionne l'État japonais à travers l’absurde, la noirceur et l’ironie rappelant les écrits de Samuel Beckett. » Nanako Tsukidate

Under the Wave, on the Ground
波のした、土のうえ de Haruka Komori et Natsumi Seo
Japon/ 2014 / 68 minutes / documentaire

Vendredi 17 décembre sur Henri – En ligne 2 mois – INÉDIT.

Pendant plusieurs années, juste après le tsunami, Komori Haruka et Seo Natsumi ont recueilli les souvenirs des habitants de la région de Fukushima, leurs histoires, leurs anciens lieux d’habitation. La réminiscence d’un endroit perdu à tout jamais, sous la vague.

« Le cinéma d’Huraka Komori et de Natsumi Seo est une interrogation : comment transmettre l’expérience de l'autre ? Elles tentent de rendre visible les lieux dévastés par le tsunami à travers les voix des survivants, sans représenter le passé, pour laisser voir la béance entre hier et aujourd’hui. » Nanako Tsukidate

Trois courts métrages expérimentaux de Shun Ikezoe

Jujuba
愛讃讃 2018/8 minutes
Jeudi 2 décembre sur Henri – En ligne 2 mois.

« Personne ne se comprend vraiment. En y repensant, cela me rappelle mon ancienne belle-mère. A cette époque, autour de moi se mélangeaient le dialecte du Kansai et son chinois du Sichuan. Cette mère que j’appelais “grande soeur” est recréée sur ce film 8mm. »

Oscillation
揺蕩 2020 / 3 minutes
Jeudi 9 décembre sur Henri – En ligne 2 mois - INÉDIT - PREMIÈRE MONDIALE.

« Images tournées en 2019-2020 au moment des manifestations à Hong Kong. Ce que je voyais de la ville me paraissait nostalgique, comme quelque chose que j’aurais vu en rêve il y a longtemps. »

See you in my Dreams
朝の夢 2020 / 18:30 minutes
Jeudi 16 décembre sur Henri – En ligne 2 mois.

« Un jour vous vous réveillerez et ils seront partis. Pour moi, “Maman”, c’était ma grand-mère. Elle est en train de mourir. J’ai pensé que je regretterais de ne pas avoir écouté son histoire. Depuis deux ans, j’enregistre sa voix, ses souvenirs deviennent de plus en plus flous. »

Le dernier court métrage de Shun Ikezoe What is that you said est sélectionné en compétition au Festival Entrevues à Belfort (édition 2021).
 

« Shun Ikezoe recueille différentes voix pour transformer en voix universelles, via le corps de ses acteurs, les expériences de son passé. Ses œuvres mélangent le documentaire et la fiction, la pellicule (en particulier le 8mm) et le digital, le rêve et la réalité. Il crée ainsi une ré-incarnation poétique de ses souvenirs personnels. » Nanako Tsukidate