Ces peintures anonymes de style naïf étaient vendues comme souvenirs aux pèlerins et aux voyageurs au relais d’Ôtsu, près de Kyôto, et dans les villages environnants, le long de la grande route du Tôkaidô qui reliait Kyôto à Edo (aujourd'hui Tôkyô). Puisant tout d'abord leurs thèmes dans le répertoire bouddhique, elles devinrent par la suite des images profanes de bon augure. Les thèmes de ces peintures au pochoir sont religieux, satiriques ou moraux : démons travestis en moine, guerriers héroïques, beautés et courtisanes, animaux... . A la fin du 17e siècle, le nombre de thèmes abordés dépassait la centaine.
De nombreux artistes du 19e siècle, en particulier les maîtres de l'estampe Utagawa Kuniyoshi, Utagawa Kunisada, Utagawa Utamaro (cf. ci-dessous) ou le peintre Kawanabe Kyôsai, furent fascinés par cette imagerie et en produisirent des versions parodiques ou, par un procédé de mise en abyme, les mirent en scène dans des oeuvres qui prolongent leur esprit humoristique.
Ces peintures fragiles, dont il ne subsiste que quelques centaines d’exemples, perdirent de leur popularité à l'époque Meiji, avant d'être redécouvertes et étudiées dans les années 1920 par le penseur Yanagi Sôetsu (1889-1961), qui œuvra pour la reconnaissance des « arts populaires » (mingei) au Japon.