Rendez-vous incontournable de la bande dessinée en France depuis trois décennies, le Festival d'Angoulême a créé en 2003 les Rencontres internationales. Ni débat, ni conférence, ces Rencontres permettent de présenter, à l'appui de supports multimédias, le travail d'un auteur dans son aspect le plus créatif… C'est à la MCJP que ce Festival se prolonge pour mieux faire connaître au public le grand mangaka Yoshihiro Tatsumi. 

 
Yoshihiro Tatsumi incarne un tournant majeur dans l'histoire de la bande dessinée japonaise. Au milieu des années 1960, il initie un courant moderne, le Gekiga, qui se distingue à tout point de vue de la tradition des mangas destinés aux enfants : en s'éloignant de la représentation humoristique des personnages, en explorant d'autres formes de récits que le divertissement pur, Tatsumi a fait entrer les mangas dans l'âge adulte.
Sans jamais se complaire dans l'anecdote autobiographique, Tatsumi révèle l'intimité de ses personnages avec une profondeur si grande qu'elle puise à l'évidence sa source dans son expérience personnelle. Les préoccupations de Tatsumi (admirateur de Clouzot) le rapprochent de ses contemporains écrivains et cinéastes : sexualité transgressive, critique de l'aliénation et solitude urbaine nourrissent l'inspiration de ce graphiste soucieux de révéler, toujours avec compassion, les contradictions les plus violentes de l'âme humaine.
 
A propos de sa venue en France, Yoshihiro Tatsumi déclarait récemment au Festival d'Angoulême : 
" Communiquer avec des lecteurs européens, plonger au cœur de la culture européenne et en absorber la substance, contribuera sans aucun doute à nourrir mon travail à venir. " C'est dire l'ambition humaniste qui anime toujours ce génie vivant, dont l'influence est aujourd'hui internationalement reconnue.
 
Deux recueils de ses histoires, Coup d'éclat et Les larmes de la bête, sont édités en France chez Vertige Graphic.