Élevé au rang de « Trésor national vivant », Kunihiko Moriguchi perpétue la tradition de teinture de tissus appelée yûzen qu’il a profondément renouvelée. Ses kimonos novateurs sont ornés de motifs souvent géométriques. Ils sont le produit de sa connaissance des arts graphiques européens qu’il a étudiés à Paris et de son apprentissage dans l’atelier de son père, lui-même éminent maître du yûzen.
L’exposition Kunihiko Moriguchi – Vers un ordre caché réunit pour la première fois en France un ensemble exceptionnel de 26 kimonos constituant autant de pièces uniques, 11 peintures et de créations dans les domaines du design et des arts appliqués.
Moriguchi, né en 1941, étudie la peinture de « style japonais » (nihonga) à l’université des Arts de Kyoto. Il part pour la France à l’âge de 22 ans et devient un élève brillant de l’École nationale des arts décoratifs, un jeune Parisien rêvant de devenir « graphic designer ». Il se lie d’amitié avec le critique Gaëtan Picon et le peintre Balthus qui l’invite à la Villa Médicis. Ce dernier le persuade de se consacrer à l’art du yûzen, technique tricentenaire réservée aux kimonos d’apparat, dont le père de Kunihiko est un illustre représentant (Trésor national vivant en 1967).
Peu après son retour à Kyoto en 1966, Moriguchi entre dans l’atelier de son père. Il affirme bientôt un style très personnel, géométrique et abstrait, en respectant les processus techniques traditionnels. Mais sans jamais perdre de vue qu’il s’agit de vêtir un corps de femme, sa sensualité. Ses kimonos connaissent le succès, sont acquis par les plus hautes personnalités et les musées de son pays comme à l’étranger (Victoria and Albert Museum à Londres, Metropolitan Museum of Art à New York, LACMA à Los Angeles).
L’exposition de la MCJP est un condensé de 50 ans de création. Kunihiko Moriguchi a en effet sélectionné 26 de ses kimonos, du premier qu’il réalisa en 1967 à celui qu’il a spécialement conçu pour cette rétrospective. Subtiles et rigoureuses, ses œuvres sur papier japonais réalisées dans cette même technique du yûzen témoignent elles aussi de la recherche d’une forme de perfection. Enfin, ses collaborations avec les grands magasins Mitsukoshi et la Manufacture nationale de Sèvres montrent qu’il a brillamment réussi à appliquer ses recherches graphiques à des supports incarnant la vie quotidienne, sacs de course ou tasse à café.
Kunihiko Moriguchi nous invite à rechercher un « ordre caché » dans la structure géométrique de ces œuvres intimement inspirées de la nature et des cycles temporels.