Kintsugi est la rencontre de trois musiciens dont les horizons hétéroclites se croisent sur la crête d’une histoire japonaise tirée du fond des âges. Comme un objet ancien patiné par les vents et les embruns du temps, l’épopée de Yoshitsune, seigneur de guerre de l’époque des samouraïs, nous a été rapportée par Kakushin Nishihara. Egérie post-moderne et underground, cette artiste tokyoïte fait preuve d’une maîtrise inouïe de son art dans sa forme la plus respectueuse d’une tradition rêche, sauvage et précise. Kakushin Nishihara interprète les trois mouvements de ce chant avec une solidité d’airain, traversant la tempête dont l’enveloppent Serge Teyssot-Gay et Gaspar Claus de leurs guitare électrique et violoncelle.

Kakushin Nishihara > Satsuma Biwa et chant 
Serge Teyssot-Gay > Guitare 
Gaspar Claus > Violoncelle 

En savoir plus sur Kakushin NISHIHARA

 

Un son d’aujourd’hui avec un luth traditionnel japonais : telle est la musique que propose Kakushin Nishihara. Pour cela, elle n’hésite pas à s’aventurer avec son biwa dans les genres musicaux les plus divers : musique classique occidentale, électro, noise music…

 

A l’âge de 13 ans, Kakushin Nishihara découvre les Sex Pistols qui l’influencent fortement quand elle commence la musique. Mais à 17 ans, elle tombe en arrêt devant un biwa, trouvant « sa forme trop cool ». Alors qu’elle ne connaît même pas le son de cet instrument, elle décide d’aller frapper à la porte de Kinshi Tsuruta, grande virtuose du biwa qui vit travestie en homme. La première fois qu’elle l’entend jouer, c’est un énorme choc : elle devient sa disciple. Dès 1997, Kakushin remporte des concours nationaux de musique traditionnelle.

En 2004, elle se fait remarquer en participant à l’album Documento –Radio Sakamoto– produit par Ryuichi Sakamoto (Warner Music Japan). Plus tard, elle se produit au concert en hommage à Takemitsu « Toru Takemitsu Tribute » programmé par Yoshihide Otomo au Orchard Hall de Tokyo, en 2010. Elle joue également dans le prestigieux Suntory Hall pour la création mondiale de « Harakiri Maiden - pour biwa et orchestre » de la compositrice Akiko Yamane, lauréate du prix Akutagawa en composition. En 2014, elle collabore avec performeuse vocale Joanna Dudley à Melbourne, Australie. La même année, elle rencontre Gaspar Claus et participe à son album « Jo-Ha-Kyu » aux côtés de Ryuichi Sakamoto, Kenji Haino et Yoshihide Otomo. L’année suivante, avec Serge Teyssot-Gay (guitare) et Gaspar Claus (violoncelle), elle crée le trio Kintsugi dans le cadre du festival de Radio France et Montpellier et interprète Yoshitsune tirée de la plus célèbre épopée médiévale au Japon. Le trio est invité notamment au festival Les Suds à Arles.

Egalement artiste plasticienne, Kakushin Nishihara crée des sculptures à base de collages. Elle présente une exposition personnelle en 2015 au Blockhouse à Harajuku, Tokyo.

Le biwa :

Né en Perse antique comme la plupart des instruments à cordes, l’ancêtre du biwa est introduit au Japon vers le 7e siècle via la Route de la Soie. L’instrument et sa musique se diversifient au fil du temps dans l’archipel, mais deux genres principaux se développent : le Chikuzen biwa et le Satsuma biwa. Le son du premier est doux et « féminin » ; celui du second, fort et « viril » car il fut pratiqué par les samouraïs dès le 16e siècle.

Le Satsuma biwa place au centre de son art le chant (basé sur des récits et poèmes historiques). Mais Kinshi Tsuruta (1911-1995) innove ce genre avec son interprétation instrumentale virtuose et crée un nouveau courant : elle est la fondatrice de l’école Tsuruta. Ses collaborations avec le compositeur Toru Takemitsu dans les années 60 ont donné naissance à des chefs-d’œuvre comme November Steps, Eclipse, ou encore la musique du film Kwaidan qui ont fait connaitre le biwa dans le monde entier. Kakushin Nishihara a été la dernière disciple de Kinshi Tsuruta qui lui a transmis son biwa vieux de 140 ans.