South Bound
2007/114’/DCP/Comédie dramatique avec Etsushi Toyokawa, Yuki Amami, Keiko Kitagawa, Shuto Tanabe, Rina Matsumoto


Pour oublier son passé sulfureux, un ancien syndicaliste nostalgique des barricades déménage avec sa famille sur une île perdue d’Okinawa. La modernité a tôt fait de l’y rattraper ; il retrouve sa fibre militante.

♦Samedi 8 juin 14h30

En 2007, Morita tourne le remake de Sanjuro d’Akira Kurosawa suivi de South Bound, mais leur date de sortie a été inversée. South Bound a cela de particulier dans la vie du réalisateur qu’il marque un soulagement, à cause de la pression qu’il avait subie en acceptant de relever le défi de refaire un Sanjuro fidèle au scénario original, qui plus est dans le respect des traditions et du savoir-faire de son studio historique. South Bound : un drame atypique sur une famille nostalgique des luttes sociales ayant perdu ses repères dans la société présente, et qui cherche à s’en échapper. Le roman original de Hideo Okuda (2005) est constitué de deux parties : "Tokyo" et "Okinawa" qui sont reprises dans le film. La première moitié du film décrit un quotidien urbain oppressant, plus encore que dans Jeu de famille (1983), dans une atmosphère d’impasse admirablement rendue par les décors. A l’inverse, la seconde partie s’ouvre sur la vue paradisiaque d’une île tropicale au parfum de liberté. Dans le rôle principal, on retrouve Toyokawa Etsushi, qui jouait l’ennemi juré de Sanjuro, Muroto Hanbei, dans le remake de Kurosawa. Son charisme donne au héros excentrique une image convaincante. Yuki Amami, sa femme, est une star de la revue Takarazuka, cet univers culturel unique. Son physique et sa grâce collent parfaitement à l’image de son personnage décrit comme la "Jeanne d'Arc du mouvement étudiant". South Bound contient des scènes spectaculaires que l‘on trouve rarement dans les films de Morita. On peut remarquer aussi le gros travail du réalisateur sur le jeu des enfants acteurs, ce qui n’était pas le cas des œuvres précédentes. Sa méthode consistant à dicter les dialogues sur place rappelle curieusement celle de Hirokazu Kore-eda.